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Édito

Une réforme conforme aux attentes

Édito | publié le : 01.09.2019 | Jean-Paul Coulange

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Une réforme conforme aux attentes

Crédit photo Jean-Paul Coulange

La météo sociale de l’été a affiché un calme plat. La Cour de cassation n’a pas gâché la trêve de l’exécutif en validant la barémisation des indemnités prud’homales instaurée par les ordonnances de 2017. Et les préconisations présentées mi-juillet par le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye pour réformer notre système de retraite n’ont pas provoqué de tollé général. Ce n’est bien entendu que partie remise, et l’on devrait rapidement voir la température grimper lors de l’acte 2 de la réforme des retraites qui se déroulera jusqu’à la présentation d’un projet de loi, en fin d’année.

L’architecture de la « réforme Delevoye » est conforme aux attentes. L’ambition d’une réforme systémique et non paramétrique – contrairement à toutes celles qui se sont succédé depuis vingt cinq ans – est respectée. Le nouveau système se veut universel, puisqu’il englobe les 42 régimes existants, rigoureux, puisque l’équilibre des comptes est érigé en règle d’or, lisible, puisqu’il est par points à l’instar des régimes complémentaires du secteur privé, redistributif, puisqu’il améliore le niveau des petites pensions, juste pour les actifs qui ont des carrières longues ou qui ont exercé des métiers dangereux.

Cela étant, les critiques ne manqueront pas de se focaliser sur quelques points sensibles. À commencer par l’âge de référence à 64 ans, pour une retraite à taux plein, ce qui signifie un allongement de la durée de cotisation ou un report de l’âge légal de départ qui n’en porterait pas le nom. La seconde pierre d’achoppement concerne la prise en compte de l’intégralité de la carrière, et non plus des derniers mois ou des meilleures années d’activité. Le nouveau dispositif de réversion ou des avantages familiaux – du moins tel qu’il est esquissé dans la copie de Jean-Paul Delevoye – peut également être source de bras de fer. Tout comme le mode de fixation de la valeur du point sur l’évolution des salaires, et non plus sur celle des prix. Enfin, l’incitation à la capitalisation clairement affichée peut représenter un chiffon rouge pour les organisations syndicales. Mais l’un des sempiternels écueils d’une réforme des retraites à la française reste le sujet des régimes spéciaux dont bénéficient moult salariés de la RATP, de la SNCF, de la Banque de France ou d’EDF. Jacques Chirac avait fait machine arrière ; Nicolas Sarkozy avait acheté au prix fort une évolution de ces régimes. On est curieux de voir comment Emmanuel Macron et Édouard Philippe géreront ce dossier explosif. Ils ont certes réussi à réformer la SNCF et la fonction publique. Mais la marche qui se présente à eux est au moins aussi haute.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange