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Édito

Passage à l’acte

Édito | publié le : 01.05.2019 | Jean-Paul Coulange

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Passage à l’acte

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Davantage que le vingt-troisième, le vingt-quatrième ou le vingt-cinquième acte sans message, sans idées et sans lendemain de quelques dizaines de milliers de « gilets jaunes », ce sont les réponses d’Emmanuel Macron aux millions de contributions du grand débat national qui auraient dû constituer le temps fort de ce mois d’avril. Le destin – puisqu’il semble que l’acte criminel soit écarté – en décida autrement ce funeste lundi qui vit Notre-Dame de Paris s’embraser et le savant plan de communication de l’Élysée s’envoler en fumée…

Par le biais de fuites médiatiques orchestrées, et bien que ces lignes soient écrites avant l’intervention du président de la République, on sait déjà que le chef de l’État n’a pas souhaité renouveler le scénario de la fin d’année dernière, lorsqu’il lâcha à la foule en colère dix milliards d’euros non financés. Peu suspect d’inspirer la politique économique d’Emmanuel Macron, l’institut de conjoncture OFCE vient de calculer que ces mesures (revalorisation de la prime d’activité, défiscalisation et désocialisation des heures supplémentaires, baisse de la CSG pour certains retraités…) occasionneront un surcroît de pouvoir d’achat de l’ordre de 440 euros pour les ménages français sur un gain total de 850 euros en 2019. Du jamais-vu depuis 2007, année de l’élection de Nicolas Sarkozy et du vote de la loi Tepa qui défiscalisa notamment les heures supplémentaires.

Tirant les leçons de la baisse désormais régulière du chômage, du dynamisme des créations d’emploi et, justement, de l’amélioration du pouvoir d’achat des ménages, l’exécutif semble vouloir faire passer un autre message : l’État, qui n’a plus les moyens de s’appeler Providence, ne peut redistribuer que les richesses créées par les Français eux-mêmes. Autrement dit, il faudra travailler plus pour gagner davantage. Sans toucher au totem des 35 heures, que les entreprises pourront néanmoins briser par le jeu des ordonnances si elles trouvent des organisations syndicales prêtes à jouer le jeu, l’autre levier à actionner reste la durée de la carrière, ce qui renvoie à la réforme des retraites en cours de concertation. Flairant le bon coup, le patronat préconise de reculer l’âge légal de départ à 64 ans. En d’autres temps, il demandait de reculer la retraite à 67 ans. Pour résumer la nouvelle rhétorique élyséenne, les Français feraient mieux de se demander ce qu’ils peuvent faire pour leur pays plutôt que de demander à leur pays ce qu’il peut faire pour eux. Mais Emmanuel Macron n’est pas John Fitzgerald Kennedy. Ni la France de 2019, l’Amérique des années soixante…

Auteur

  • Jean-Paul Coulange