Tous les ans, chez Web-atrio, les salariés et les managers se retrouvent pour faire le point sur l’exercice écoulé, pour évoquer les perspectives de carrière et pour négocier une éventuelle augmentation. Jugé obsolète, compassé et déconnecté de la réalité, l’entretien annuel d’évaluation est remis en cause. Basée à Paris et à Toulouse, Web-atrio, société de services numériques, a décidé d’adopter une nouvelle formule : les bilans professionnels entre collègues. Ici, ce sont les chefs de projet ou les commerciaux qui font passer les bilans aux 115 salariés. « Les personnes les plus aptes à faire le suivi sont celles qui sont avec le collaborateur au quotidien, et qui ont suffisamment d’expérience pour l’accompagner dans son plan de carrière. Les managers ne sont pas forcément les mieux placés », estime Rémi Gaubert, cofondateur de Web-atrio. Autre particularité : les négociations salariales ne sont pas abordées durant cet entretien. « Si un collaborateur a raté un projet, il n’osera pas exprimer ses difficultés et préférera s’autocensurer, de peur qu’on lui refuse son augmentation. » Depuis 2016, Web-atrio implique ses collaborateurs dans cette gestion. Ainsi, trois salariés élus par leurs collègues sont chargés de piloter le processus dans le cadre d’un comité dédié. Afin d’injecter régulièrement du sang neuf tout en assurant une continuité, un membre est remplacé chaque année. « Un salarié nous a proposé de décider de manière collective des augmentations. Cette idée nous a paru la plus juste pour tous. Quand ce sont uniquement les chefs d’entreprise qui décident des revalorisations, cela génère des soupçons », explique Rémi Gaubert. Entre février et mars, les élus reçoivent chaque consultant et, après discussion, ils fixent l’augmentation au regard des performances et de l’ancienneté. Pour avoir une vision plus objective de la situation professionnelle, ils peuvent également se rapprocher des collègues. Des informations leur sont aussi transmises sur les augmentations des années précédentes et sur les prétentions du collaborateur. Afin de s’assurer que les salariés comprennent les règles du jeu, les dirigeants de Web-atrio pratiquent la transparence. Chaque année, ils communiquent les résultats de l’entreprise, son chiffre d’affaires et les investissements prévus. « En responsabilisant chacun et en donnant accès aux chiffres, aucun abus n’a jamais été constaté », assure le cofondateur. En 2018, l’augmentation moyenne a été proche de 5 %.