Historien, spécialiste de l’histoire du travail et des métiers au XX^e siècle, Christian Chevandier a choisi de traiter son sujet de prédilection avec une approche originale. Il raconte l’histoire du travail à travers 18 textes choisis : témoignages, textes de lois, discours, articles de presse, pages d’autobiographie, etc. Y figurent, ainsi, l’ordonnance du 4 octobre 1945 portant sur la Sécurité sociale, un discours de Pétain, un extrait d’un cahier d’un élève gardien de la paix en 1943, un rapport moral au congrès de l’association Tourisme et travail de 1953, des extraits de romans, d’essais de psychologie… Il faut reconnaître que l’histoire est rarement mise en avant sous ces angles. Ici, l’analyse repose sur des faits historiques ! Si la sociologie, la géographie et l’économie s’entremêlent, l’ordre chronologique prime.

Le temps de travail, la France qui se lève tôt, la proposition d’un revenu universel, le sens et les modalités du travail, ou encore les retraites… Tout y est pour comprendre le cheminement qui nous a conduits à la situation actuelle.

Le cas clinique de Madame L., ouvrière dans une usine de postes de télévision, qui décrit ses gestes le long d’une ligne de production et le chant de la corporation, par la chorale des ouvriers de Trieux, sont savoureux à lire. L’ouvrage réconciliera tous ceux qui étaient fâchés avec les cours traditionnels d’histoire. Dans ce livre, on prend plaisir à se replonger dans les textes. « La jeune ouvrière de Wonder qui ne veut pas reprendre le travail » éclaire différemment la vision romantique que nous pouvions avoir de mai 1968. Des mémoires de Pierre Mauroy, Premier ministre en 1982, l’auteur retient la retraite à 60 ans. Indispensable pour éclairer les lois travail du Gouvernement actuel.

Christian Chevandier. Éd. Belin. 255 pages, 19 euros.