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Le journal des RH

Un leurre pour raccrocher les décrocheurs ?

Le journal des RH | Formation | publié le : 01.11.2018 | Laurence Estival

Annoncées en février dernier, les premières « prépas apprentissage » devraient voir le jour dès janvier 2019.

Le 9 octobre dernier, le ministère du Travail a publié un « appel à projet » à destination des CFA. Ils ont jusqu’au 1er décembre prochain pour imaginer à quoi pourrait ressembler une « préparation à l’apprentissage ». Objectif : élargir l’entrée en formation des jeunes et notamment à ceux en rupture de ban en leur proposant un parcours préalable, afin de « consolider les compétences de base », « conformer les compétences relationnelles » et « mûrir leur projet professionnel ». Ces parcours, d’une durée allant de quelques semaines à quelques mois en fonction des besoins de chacun, seront réservés aux candidats dont le niveau de formation est inférieur au niveau IV, vivant dans les quartiers prioritaires de la ville ou dans les zones rurales défavorisées.

Intéressés par la démarche, la Fédération nationale des CFA, les centres de formation consulaires et ceux émanant des branches, devraient rapidement faire acte de candidatures. « C’est un moyen d’inciter les jeunes sans emploi, pour lesquels nous n’étions pas en mesure de faire une proposition, à franchir le pas et de mettre les CFA, Pôle emploi, les missions locales mais aussi les employeurs, tous autour d’une même table », met en avant David Derré, directeur emploi-formation de l’UIMM (union des industries et métiers de la métallurgie). Le ministère prévoit de prendre à sa charge 80 % du coût de ces mises à niveau, alors que jusqu’à présent les parcours adaptés aux élèves en difficulté que nous avions mis en place nécessitaient de rallonger la formation en apprentissage et alourdissait le coût d’un apprenti pour l’employeur.

« Reste que même avec la création d’un SAS, combien d’entreprises sont prêtes à intégrer des jeunes décrocheurs ?, interroge Emmanuel Sulzer, chargé de mission au Cereq. Nos études montrent qu’il y a des discriminations à l’embauche des apprentis, et ce ne sont pas les plus fragiles mais les meilleurs qui ont leur chance. » Les experts estiment que ces mesures devraient, de fait, ne concerner qu’un nombre limité de personnes.

Et pour atteindre le chiffre de 500 000 apprentis, chacun espère que le sursaut créé par la présentation des grandes lignes de la réforme et l’engagement des fédérations professionnelles à prendre davantage d’apprentis ne sera pas qu’un feu de paille…

Auteur

  • Laurence Estival