Un homme pressé, ce titre résume la personnalité d’Alain. Un puissant patron du CAC 40 qui court sans cesse après le temps et qui consacre toute sa vie au travail, quitte, pour cela, à négliger sa famille et ses passions. Jusqu’à ce qu’un AVC le terrasse dans son bureau et mette un coup d’arrêt à sa carrière, lui volant au passage l’art de la parole et de la mémoire. Du jour au lendemain, cet orateur brillant, à qui Fabrice Luchini prête son éloquence, se retrouve à réapprendre les mots du quotidien au côté d’une orthophoniste issue d’un milieu modeste, la sensible et patiente Jeanne, incarnée par Leïla Bekhti. Choc de l’avant et de l’après accident, choc des cultures et des milieux sociaux… sans pathos excessif, cette comédie dramatique réussit à faire passer les spectateurs de la colère à l’empathie, du rire aux larmes. Comme lorsqu’Alain se réveille à l’hôpital et que ses proches se rendent compte qu’il dit n’importe quoi ou, plus tard, quand il se retrouve incapable de présenter son prestigieux parcours à un conseiller de Pôle emploi. Inspiré de l’autobiographie de Christian Streiff, frappé d’un AVC en 2008 lorsqu’il présidait le groupe PSA Peugeot Citroën, ce film, écrit et réalisé par Hervé Mimram, est l’histoire d’une reconstruction après un sérieux revers de fortune qui vous fait tomber plus bas que terre. À force de ténacité et de persévérance, Alain réussit à rebondir après son éviction du siège de numéro un. Mais surtout, cet homme pressé décide enfin de prendre le temps de vivre et de se réconcilier avec sa fille. Avec pudeur et justesse, Hervé Mimram s’attaque en filigrane à un sujet éminemment tabou : la santé et les fragilités des chefs d’entreprise.

(1 h 40), film d’Hervé Mimran, sortie le 7 novembre 2018