Sa nomination vient couronner plus de vingt ans d’engagement dans le mouvement coopératif. La nouvelle déléguée générale de la Confédération générale des Scop* est tombée dans la marmite en 1998. À l’époque, elle a quitté le Pas-de-Calais dont elle est originaire, son poste de chargé d’études dans un laboratoire de recherche qu’elle a décroché deux ans plus tôt, après l’obtention d’une maîtrise en sciences économiques, pour suivre son mari muté à Montpellier. En quête d’un nouvel emploi, elle intègre Amédis, un bureau d’études spécialisé dans l’accompagnement et l’évaluation des politiques publiques, dont elle deviendra la gérante à 32 ans. C’est ainsi qu’elle découvre l’univers des Scop. « L’économie coopérative m’a passionnée, elle conjuguait ce que j’avais appris en matière économique, répondait à des préoccupations plus sociétales et à un besoin de travailler autrement », explique-t-elle. Séduite par le fonctionnement de ces sociétés qui appartiennent à leurs salariés et privilégient une démarche participative, consciente de « s’engager dans une aventure collective » et d’« œuvrer pour quelque chose de plus juste », elle rejoint ensuite l’Union régionale (UR) des Scop Languedoc-Roussillon en 2007, dont elle prendra les rênes en 2014. Convaincue qu’il faut « toujours avoir un temps d’avance sur l’innovation sociale », elle pilotera la création Alter’Incub, un incubateur d’entreprises en innovation sociale. En dix ans, cette initiative a permis d’accompagner 124 projets, de créer une cinquantaine d’entreprises, 357 emplois et d’essaimer, puisqu’elle a été dupliquée depuis dans trois autres régions. Très investie dans le développement économique, la directrice de l’URSCOP Languedoc-Roussillon reçoit en 2014 le Prix de l’engagement sociétal (Prix de l’entrepreneur Ernst & Young) dans la région Méditerranée.

C’est « enthousiaste, consciente et sereine » que Fatima Bellaredj prend aujourd’hui les manettes de la confédération. Un réseau constitué de 3 177 sociétés coopératives – représentant 52 000 emplois fin 2017 – répartie sur 12 unions régionales (UR) et trois fédérations de métiers. Aux côtés de son président, Jacques Landriot, ancien P-DG du Groupe Up (ex-chèque-déjeuner), elle va s’employer à « mieux faire connaître » les Scop auprès des pouvoirs publics et des acteurs économiques et sociaux. Car si l’économie coopérative est en « adéquation avec la quête de sens des salariés et du grand public », elle souffre encore d’une image d’« économie subventionnée ». « Il va falloir faire tomber les idées reçues », insiste cette militante, qui se dit engagée à « 200 % » dans ses nouvelles fonctions.

À peine installée dans son bureau parisien, la nouvelle secrétaire générale n’a pas attendu pour réunir ses troupes, désireuse d’embarquer tout le monde dans « un projet ambitieux ». Femme de terrain, elle qui a toujours passé beaucoup de temps sur les routes pour rencontrer les entreprises, n’entend pas changer entièrement ses habitudes. Être en contact régulier avec ses équipes – 150 personnes au sein des UR – et rester à l’écoute des adhérents, sera sa priorité. Un tour de France est déjà programmé en 2019 dans ce but. Outre la promotion du Mouvement et l’animation du réseau, la nouvelle déléguée générale va aussi devoir poursuivre la mise en œuvre du plan de développement Cap 70 000, engagé depuis 2016, dont l’objectif est d’atteindre le nombre de 70 000 emplois en 2020. Un défi qui a immédiatement interpellé son « âme de développeuse ».

2003

Gérante de Amedis Scop

2007

Directrice du département innovation sociale de l’Union régionale des Scop du Languedoc-Roussillon et création du premier incubateur régional Alter’Incub

2014

Directrice de l’Union régionale des Scop du Languedoc-Roussillon

2018

Déléguée générale de la Confédération générale des Scop