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Édito

Il faut écouter les voix réformistes

Édito | publié le : 07.05.2018 | Jean-Paul Coulange

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Il faut écouter les voix réformistes

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Une tribune cosignée dans un quotidien du matin, un débat à la Fondation Jaurès1 sur le dialogue social, un défilé unitaire le 1er mai : en l’espace de quelques jours, les syndicats dits réformistes, la CFDT, la CFTC et l’Unsa, ont fait entendre leur voix et leur différence avec les protestataires que sont la CGT, Force Ouvrière ou Sud. Tandis que certaines prônent la « convergence des luttes », les trois organisations réformistes – ou de transformation sociale comme préfère se revendiquer Laurent Berger, le secrétaire général de la CFDT – optent pour la convergence de vues. Sur la plupart des grandes réformes impulsées par l’exécutif depuis mai 2017, leurs analyses et leurs positions sont, en effet, voisines voire identiques. Comme Emmanuel Macron, elles constatent l’urgence de rénover en profondeur notre modèle social, qui appartient désormais au monde d’avant, mais sans confondre vitesse et précipitation. Autant elles prennent acte de la réforme du Code du travail par ordonnances, qui a donné lieu à de la concertation, à défaut de consensus, entre l’État et les partenaires sociaux, autant elles dénoncent, par exemple, l’ouverture du marché ferroviaire et la transformation de la SNCF, à marche forcée. Elles déplorent également la reprise en main des deux accords nationaux interprofessionnels sur la formation et l’assurance-chômage conclus fin février dans un véhicule législatif sur « la liberté de choisir son avenir professionnel », qui s’écarte de l’épure originale et mécontente le camp syndical, d’ordinaire enclin au consensus sur ce type de sujets. En clair, les trois syndicats ne trouvent pas leur compte dans ce qu’ils considèrent comme un déni de démocratie sociale, au moment où s’ouvrent deux chantiers traditionnellement explosifs, celui des retraites et de la fonction publique. On est loin du climat d’échanges, de travail et de respect qui entouraient les grandes conférences sociales durant le précédent quinquennat. L’exécutif aurait bien tort de ne pas écouter et entendre leurs voix. Pour plusieurs raisons. Avec l’éloignement de la CFE-CGC, il n’y a plus que deux organisations réformistes parmi les cinq représentatives au plan national et la CFTC n’est plus assurée d’y figurer à l’issue du cycle électoral actuel. Si le camp protestataire devenait majoritaire, on ne donne pas cher de l’avenir des réformes « structurelles » dans notre pays. Et, avant même cette lointaine échéance, il n’a échappé à personne – et à aucun DRH en particulier – que l’accord majoritaire est devenu la règle depuis le 1er mai. Sauf à risquer le blocage de la négociation collective et l’entrave au dialogue social, il est donc plus que temps de tendre la main aux bonnes volontés et de leur redonner toute leur place dans la construction de la règle sociale.

(1) Liaisons sociales magazine et Entreprise et Carrières étaient partenaires du colloque sur le dialogue social dans l’entreprise et l’avenir des syndicats réformistes organisé le 17 avril à la Bourse du Travail par l’Observatoire du dialogue social (fondation Jean Jaurès).

Auteur

  • Jean-Paul Coulange