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Édito

Le mythe du plein emploi

Édito | publié le : 06.04.2018 | Jean-Paul Coulange

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Le mythe du plein emploi

Crédit photo Jean-Paul Coulange

Signe incontestable d’une embellie conjoncturelle, le concept de plein emploi, qui avait disparu des discours officiels depuis une vingtaine d’années, commence à réapparaître. Ce fut le cas chez plusieurs candidats à l’élection présidentielle comme François Fillon ou Jean-Luc Mélenchon, qui en avaient fait un argument de campagne. Le dernier à l’avoir – imprudemment – promis était Lionel Jospin, à l’orée des années 2000.

Certes, nous n’y sommes pas encore. Même s’il s’agit de son plus bas niveau depuis près de dix ans, le taux de chômage se situe toujours entre 8,5 et 9 % en fonction de la maille, c’est-à-dire quatre ou cinq points au-dessus du chômage dit résiduel ou frictionnel. Au sein de l’Union européenne, la France reste à la traîne de pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou le Royaume-Uni qui sont véritablement en situation de plein emploi. Mais l’alignement des planètes est extrêmement favorable. La croissance semble désormais calée sur un rythme de 2 % l’an et, depuis la crise de 2007-2008, jamais les entreprises n’ont autant embauché qu’au cours des derniers mois. Au-delà des 270 000 créations nettes, d’autres facteurs sont encourageants, comme la belle progression des embauches en CDI, plus forte que celle des CDD.

De là à se remettre à croire au plein emploi, il y a pourtant un pas à franchir. Comme le montre notre grande enquête sur les pénuries de main-d’œuvre (page 18 à 27), les entreprises de l’Hexagone commencent à éprouver de réelles et sérieuses difficultés à recruter. Et pas uniquement dans les secteurs chroniquement en tension à l’instar des services à la personne, de l’hôtellerie-restauration ou du commerce de détail. L’autre handicap français réside dans les millions de personnes très éloignées de l’emploi, chômeurs de très longue durée, jeunes décrocheurs, femmes de retour sur le marché du travail. La priorité qui leur est donnée dans la réforme de la formation professionnelle constitue une première réponse. Il en faudra d’autres. L’inadéquation entre l’offre et la demande tient autant aux profils des candidats et à la nature des postes proposés qu’aux dispositifs d’insertion dans l’emploi, souvent méconnus, généralement complexes et parfois inégaux. Le plein emploi passera aussi par une réforme profonde du service public de l’emploi, de l’orientation et de la formation.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange