logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Actu

Laurent Brun : L’homme qui pourrait bloquer la France

Actu | Eux | publié le : 06.04.2018 | Hugo Lattard

Image

Laurent Brun : L’homme qui pourrait bloquer la France

Crédit photo Hugo Lattard

« Je ne serai pas le patron de la CGT cheminots qui enterrera le statut. » Par cette déclaration martiale, Laurent Brun ne s’est guère laissé d’autre alternative que de faire reculer le Gouvernement et son projet de réforme de la SNCF. Ou d’y laisser ses galons, sauf à devoir manger son chapeau d’ici quelques mois.

Patron de la puissante fédération CGT des cheminots, toujours premier syndicat de la SNCF avec plus de 34 % des voix aux élections professionnelles, Laurent Brun, 37 ans, a été intronisé en janvier 2017 au congrès de Saint-Malo, où il a succédé à Gilbert Garrel au poste de secrétaire général. Une ascension rapide, si l’on considère que Laurent Brun n’avait intégré le bureau fédéral en cours de mandat, qu’un an auparavant. Ce Lyonnais, fils de cheminot, a grandi à Sainte-Foy-Lès-Lyons, puis à Oullins, au sud de la métropole rhodanienne. Il a fait des études de biologie, passées plus souvent au local de l’Unef que sur les bancs de la Fac, selon ses propres dires. Et voilà bientôt vingt ans qu’il est entré à la SNCF, en 2000. À Lyon-Perrache, comme « agent de mouvement », qui exécute les manœuvres de formation des trains, gère les aiguillages. Aussitôt, il adhère à la CGT. Tout comme son père, qui y est toujours syndiqué.

Sur le terrain, Laurent Brun, d’abord trésorier de CE, enchaîne les mandats et gravit les échelons. Jusqu’à prendre les commandes de la région lyonnaise, comme secrétaire général de secteur. Puis il se voit détaché à temps plein à la fédé. En charge du pôle revendicatif, il suit les demandes des quelque 400 syndicats de cheminots que compte la CGT.

Ce printemps, Laurent Brun a une responsabilité autrement plus lourde, celle de conduire les troupes dans une bataille décisive pour l’avenir du rail et des cheminots en France. Ce qui est en jeu étant rien moins que l’ouverture à la concurrence du trafic passagers, la transformation de la SNCF en société anonyme, ou encore la fin du statut pour les nouvelles recrues. Autant de chiffons rouges aux yeux de la CGT, qui appelle au contraire des investissements publics dans le rail, notamment pour sauver les petites lignes. Elle s’est fendue d’un contre-rapport, intitulé « Ensemble pour le fer », détaillant ses propositions à ce sujet.

Ces chiffons rouges, de la couleur des cravates de Laurent Brun, depuis quelques semaines, ont été agités par le rapport confié à l’ancien PDG d’Air France, Jean-Cyril Spinetta, rendu mi-février. Les réformes sont désormais annoncées dans le projet de loi habilitant le Gouvernement à recourir aux ordonnances, qu’Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a présenté en conseil des Ministres, mercredi 14 mars. Le lendemain, l’intersyndicale CGT – Unsa – Sud Rail – CFDT a déterré la hache de guerre. Et annoncé un « conflit intensif sur une très longue durée », comme l’a formulé Laurent Brun. Pour lui, « le Gouvernement porte la responsabilité » de ce conflit et des 36 jours de grèves programmés par l’intersyndicale, jusqu’au 28 juin. Lointain successeur de Georges Séguy et de Bernard Thibault, il rêve probablement d’une issue aussi favorable au mouvement dur qui s’engage que celle du conflit de 1995. Mais tout reste à faire. Et à défaire.

Laurent Brun : Secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots

2000

Entrée à la SNCF et adhésion à la Fédération CGT des cheminots

2016

Secrétaire fédéral de la Fédération CGT des cheminots

2017

Secrétaire général de la Fédération CGT des cheminots

2018

Réforme de la SNCF par ordonnances

Auteur

  • Hugo Lattard