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Trois questions à Isabelle Marion, chercheuse au Cereq

Dossier | publié le : 07.03.2018 | Laurence Estival

« Se former est un acte quotidien »

Vous estimez que les salariés acquièrent davantage de nouvelles compétences dans l’exercice de leur activité que dans des formations. Est-ce que cela relativise les débats en cours ?

Comme à chaque réforme, on ne se pose pas la question de l’efficacité réelle de notre système de formation professionnelle. Il est d’ailleurs très compliqué d’en mesurer les effets. Nos enquêtes valident en revanche son côté inégalitaire. Mais c’est oublier un peu vite que ce n’est pas la seule façon pour les salariés d’acquérir de nouvelles compétences. Quand on les interroge, la plupart estiment que les compétences acquises viennent avant tout de leur travail. Et dans les entreprises qui ont mis en place une organisation de travail facilitant les apprentissages, les salariés sont aussi plus nombreux à se former ensuite de manière formelle !

Quelle conséquence sur les négociations en cours ?

La réforme met l’accent sur la responsabilisation des individus mais il faut aussi parler de la responsabilisation des employeurs. Car c’est à eux que doit revenir la tâche de mettre en place des organisations de travail favorisant l’acquisition de compétences. Les OPCA ont d’ailleurs commencé à s’investir sur cette question, faisait de fait évoluer leur mission de gestionnaire des fonds de formation à des missions d’accompagnement auprès des entreprises soucieuses de développer ces nouveaux modes d’apprentissage. Malheureusement, les partenaires sociaux ne s’intéressent pas suffisamment à ces aspects.

Comment l’expliquez-vous ?

Il y a en France une croyance que le diplôme est la solution qui va permettre de trouver un emploi ou d’évoluer. Or et si cela peut être le cas dans certaines conditions, et notamment pour les personnes éloignées du marché du travail, se former est aussi un acte quotidien.

Auteur

  • Laurence Estival