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Chez FM Logistic, l’humain est au cœur du modèle

Décodages | Management | publié le : 07.03.2018 | Hugo Lattard

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Chez FM Logistic, l’humain est au cœur du modèle

Crédit photo Hugo Lattard

En affirmant ses valeurs, FM Logistic, entreprise familiale née dans l’est de la France, s’est imposé comme un acteur mondial de la logistique, en forte croissance. Désormais implanté dans quatorze pays, le groupe emploie 25 000 collaborateurs. Dans ce secteur de main-d’œuvre, l’entreprise s’applique à placer l’humain au cœur, bien consciente que son business model et son modèle social doivent être en synergie pour progresser.

La famille n’est pas toujours synonyme de bonne entente. Mais l’histoire de FM Logistic, entreprise familiale fondée en 1967, tient tout de même de la success-story. Et d’intérêts bien compris. Au départ, trois Lorrains, les frères Edmond et Claude Faure, et leur beau-frère, Jean-Marie Machet, s’associent pour faire du transport de bois. « Avec un premier tracteur, une âme d’entrepreneur et de développeur. Ils ont investi tout ce qu’ils pouvaient dans l’entreprise », raconte Marie-Laure Faure. La fille de Claude Faure, aujourd’hui président d’honneur, siège au conseil d’administration de FM Logistic, que dirige Jean-Christophe Machet. Marie-Laure Faure a pour mission de veiller à l’entretien des valeurs de l’entreprise familiale, et aux bonnes relations entre ses actionnaires. Dont font partie dix membres de la famille, qui, comme Jean-Christophe Machet et Marie-Laure Faure, appartiennent à la deuxième génération aux commandes de FM Logistic. La société est devenue, en cinquante ans, un acteur mondial de la logistique, implanté dans quatorze pays, employant 25 000 collaborateurs et réalisant plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires – et 10 % de croissance, hors acquisition, enregistrée en 2017. L’an dernier, l’entreprise a posé le pied au Vietnam, après l’avoir fait en Inde.

Sa stature internationale, FM Logistic l’a d’abord forgée en Russie, au début des années 1990. Avec pour clients de grandes marques de l’agroalimentaire ou de la grande consommation en France, FM Logistic a souvent accompagné leur développement à l’étranger. Cela a été le cas du géant de l’agroalimentaire Mars qu’a accompagné en Russie Faure & Machet, rebaptisée FM Logistic pour conquérir de nouveaux marchés à l’international. Depuis, FM Logistic est leader en Russie, où elle emploie 9 000 personnes.

Une vision de long terme.

L’activité de FM Logistic couvre la supply-chain. À ses clients, l’entreprise vend le transport de leurs produits, jusqu’à ses plateformes de stockage, l’entreposage et éventuellement leur reconditionnement, ou plutôt leur co-packing, lorsqu’il s’agit d’emballer ensemble deux produits vendus par lots promotionnels, par exemple. Et enfin leur livraison, vers les points de vente, voire jusqu’au consommateur. Pour l’activité de transport, l’entreprise n’a plus qu’une toute petite flotte de camions. Elle fonctionne plutôt comme « un opérateur de transport, par affrètement », explique Laurent Leleu, le DRH France de FM logistic. Ce dernier, la quarantaine, est un pur produit maison. Au fait du business, pour avoir eu un œil sur toutes les fonctions et expérimenté plusieurs postes, dans le cadre du parcours interne « Young Graduate » de l’entreprise. « En revanche, la logistique pèse aujourd’hui 65 % de l’activité », détaille Laurent Leleu. Une trentaine de plateformes sont disséminées un peu partout en France pour entreposer les produits que l’on retrouve en grandes surfaces. Comme à Longueil-Sainte-Marie, près de Compiègne, dans l’Oise. FM Logistic y dispose d’une vaste plateforme de 100 000 m2, qui abrite aussi son siège français. Mais la société a gardé ses attaches historiques à Phalsbourg, en Moselle et dispose aussi d’un siège corporate, à Roissy, à un saut de l’aéroport Charles de Gaulle. À Longueil-Sainte-Marie, les produits d’une dizaine de clients occupent les espaces de stockage. « Le plus gros dossier est Intersnack », indique le patron de la plateforme, Renaud Clerbois, dans l’entreprise depuis plus de 20 ans. Intersnack, c’est le géant des chips, dont celles vendues sous la marque Vico et produites non loin, à Vic-sur-Aisne. Des chips qui arrivent en sortie de production, jour et nuit, par camions entiers. À Longueil-Saint Marie, la chaîne de copacking bat aussi son plein. Une activité sur laquelle l’entreprise revendique « un vrai savoir-faire », et même le titre de « premier copackeur de France », assure Laurent Leleu. FM Logistic ne loue pas, mais possède ses plateformes. Mieux, elle les construit elle-même, avec sa propre structure dédiée. Le signe que « l’entreprise a une vision de long terme », selon Laurent Leleu. « Nous ne sommes pas une entreprise cotée en bourse, ni adossée à un fonds de pension », rappelle le DRH France, « cela se ressent, on ne frissonne pas au moindre aléa financier. Si pour une raison ou une autre l’activité baisse quelque part, on a le temps de reconstruire », apprécie le DRH France.

Du lien humain.

En cinquante ans, l’entreprise s’est imposée comme un poids lourd du secteur. « Les atouts différenciants d’un modèle de gérance familiale permettent de se démarquer de la concurrence », réaffirmait encore récemment Jean-Christophe Machet, président de FM Logistic. L’entreprise revendique ses propres valeurs – « la confiance, la performance, et l’ouverture », comme son « ADN ». Soucieuse d’assurer sa pérennité d’entreprise familiale, FM tient à s’inscrire dans la durée et mise sur le capital humain. Pour réussir, difficile de faire autrement dans ce secteur, qui demande toujours beaucoup de main-d’œuvre. En croissance, FM Logistic recrute à un rythme élevé, à raison de « 600 créations nettes d’emploi par an », précise Laurent Leleu. Le rythme devrait être le même encore cette année. Autant que possible, ces recrutements se font « en CDI », précise Laurent Leleu et l’entreprise s’efforce de ramener son taux d’intérim vers les 20 %. « Nous avons mis en place un programme de fidélisation de nos intérimaires, indique le DRH, afin d’avoir des gens plus confiants dans l’avenir, qui adhèrent mieux au projet de l’entreprise et éviter un trop fort turnover, dont le taux est actuellement inférieur à 7 %, tandis que l’ancienneté moyenne est de 11 ans ».

L’entreprise se distingue aussi par un taux d’encadrement plus élevé que la moyenne. « Nous tenons à ce que les équipes soient accompagnées managérialement, décrypte Cécile Cloarec, DRH groupe. Nous sommes attentifs à ce qu’il y ait du lien humain ». Elle met notamment en avant « l’accessibilité » des dirigeants de l’entreprise qui tiennent à venir régulièrement sur le terrain auprès des collaborateurs. « Nous sommes persuadés que c’est un cycle vertueux, analyse-t-elle. Pour soutenir notre positionnement plutôt premium, qualitatif, il nous faut des collaborateurs compétents, bien dans leurs baskets et bien dans l’entreprise ». Elle cite en exemple la qualité des locaux ou encore le recours à des ergonomes qui travaillent sur les postures pour réduire la pénibilité.

Robotisation et digitalisation.

Dans un secteur d’activité où les tensions sociales sont parfois fortes, FM Logistic fait figure de havre de paix. Elle a pourtant connu des coups d’arrêt, notamment lorsque Hewlett-Packard (HP) a déserté le site de Woippy, entraînant un plan social. « Mais il faut reconnaître que même sur un sujet aussi dur qu’un plan social, l’entreprise a traité correctement ses salariés », estime Farid M’Challa, délégué syndical central (DSC) FO, qui travaille sur le site de Saint-Cyr-en-Val, dans le Loiret. « Que ce soit en termes de reclassement et d’accompagnement financier, FM Logistic a été honnête » estime le syndicaliste qui décrit la société comme une entreprise où « on arrive au consensus ». Chez FM, les cinq organisations syndicales représentatives – CFDT, CGT, FO, CFE-CGC et CFTC – sont implantées. Une vingtaine d’accords ont été signés ces dernières années, dont un accord de gestion prévisionnelle des emplois et compétences (GPEC), un autre sur l’intégration des travailleurs handicapés (TH), sujet sur lequel FM s’investit au-delà de ses obligations légales, avec 9 % de collaborateurs reconnus handicapés. FM soigne aussi sa responsabilité sociétale, en s’appuyant sur une fondation d’entreprise et veille, par dessus tout, à la sécurité. En matière d’accidents de travail, « on est bien situés en termes de fréquence et de gravité, pour les indicateurs, on est en dessous, voire très en dessous », observe Farid M’Challa, le DSC FO. Côté rémunérations, « les salaires ne sont pas mirobolants, mais c’est le problème du secteur de la logistique », souligne Claudine Magnier, DSC CFDT. Un cariste débutant gagne un peu plus que le Smic. « Mais on a quand même un 13e mois, beaucoup de primes et une bonne mutuelle », fait-elle valoir, sans oublier la participation et l’intéressement. « Dans cette entreprise, nous sommes tous respectés », estime Claudine Magnier, agent administratif sur le site de Château-Thierry, dans l’Aisne. Malgré la croissance de l’entreprise, « l’esprit famille continue de se faire ressentir ».

La politique RH de FM Logistic est très orientée sur la formation. « Près de 4 % de la masse salariale sont investis dans la formation. C’est un effort très important », souligne Cécile Cloarec. L’entreprise s’efforce aussi d’offrir des possibilités de mobilité à ses collaborateurs. Pour tirer le meilleur parti de ses troupes, FM s’est doté de services RH étoffés, avec un responsable RH sur chaque site. Les équipes RH ne chôment pas. Il s’agit d’abord « de donner de la vision et du sens. De favoriser l’initiative et de libérer les énergies », explique Laurent Leleu. Suivant le message de Jean-Christophe Machet qui, à la tête de FM Logistic, a appelé « une entreprise d’entrepreneurs ». Pour détecter les talents et les faire monter en compétences, des pépinières de managers ont été mises en place. L’entreprise s’emploie à rénover l’image encore peu reluisante de la logistique pour attirer des diplômés de grandes écoles et à faire briller son propre blason. « On arrive à vivre ensemble, il faut le faire savoir », justifie Laurent Leleu.

FM Logistic France vient d’obtenir la certification « Top Employer » pour la troisième année consécutive. L’entreprise a également amorcé sa digitalisation et s’emploie à générer de l’innovation, avec des projets incubés en interne. « Trois nouveaux concepts logistiques ou de transport ont été développés, dont une offre de logistique du dernier kilomètre baptisée City Login, qui a démarré en Italie, et qui est désormais une offre clé pour FM Logistic, avec un projet dans toutes les grandes villes européennes », indique Cécile Cloarec. L’offre de transport dite du dernier kilomètre, c’est l’avenir et déjà un marché en forte croissance pour les entreprises du secteur. L’autre voie incontournable, c’est celle de la robotisation et de l’automatisation de ses tâches, avec des chariots autoguidés, des exosquelettes pour la manipulation de charges, ou des inventaires réalisés par drones. Certains métiers disparaîtront immanquablement, d’autres seront profondément transformés. Des enjeux auxquels sera confrontée, demain, la troisième génération qui arrivera aux commandes de l’entreprise. Car FM Logistic compte bien continuer à prospérer, tout en conservant son caractère familial.

En chiffres

14 pays dont la France, où l’entreprise est implantée sur une trentaine de sites.

Plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en 2017 et une croissance organique de 10 %.

25 000 collaborateurs, dont 5 700 en France.

Auteur

  • Hugo Lattard