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Précarité ? Même plus peur !

Actu | À suivre | publié le : 07.03.2018 | Ingrid Seymann

On a sans doute plus peur des choses qui risquent d’arriver que de celles qui se produiront quasiment à coup sûr. Tel semble être un des enseignements de l’étude publiée le 1er février par le Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq) et de l’apparent paradoxe qu’elle soulève. Alors qu’ils ont fait leur entrée sur un marché du travail marqué par un taux de chômage record, les hommes et les femmes de la génération 2010 sont pourtant moins inquiets que leurs aînés, ayant débuté leur carrière à une époque nettement plus florissante. Ainsi le sentiment d’inquiétude quant à leur avenir professionnel des jeunes entrés dans la vie active en 1998, a-t-il augmenté de 10 points au cours de leurs dix premières années de travail. Quand leurs benjamins voyaient, en à peine deux ans, leurs angoisses s’éroder : le taux d’inquiets dans la génération 2010 est en effet passé de 28 % en 2013 à 23 % en 2015, alors que le contexte économique ne s’était nullement amélioré dans l’intervalle. Confrontés à cette apparente contradiction, les chercheurs du Cereq ont émis deux hypothèses. L’optimisme relatif des derniers entrants sur le marché du travail s’expliquerait par leurs débuts « catastrophiques » sur ce même marché : ayant accédé plus lentement à l’emploi (68 % en emploi à trois ans contre 82 % pour la Génération 1998) et moins souvent à l’emploi stable (59 % des actifs occupés à trois ans contre 64 %), ils auraient eu davantage de marge de manœuvre pour améliorer leur situation professionnelle entre 2010 et 2015. Mais il est également probable que les plus jeunes se soient tout simplement « faits » à la précarité. « Soit qu’ils assument comme inhérente à leur activité (intermittents du spectacle ou saisonniers par exemple), soit qu’ils conçoivent l’enchaînement de stages, de contrats aidés et précaires comme un mode « normal » d’intégration au marché du travail ». Preuve que l’homme s’habitue à tout. Et malheureusement aussi à des conditions de travail durablement dégradées.

Auteur

  • Ingrid Seymann