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« Le rôle et la fonction du cadre continueront d’exister »

À la une | publié le : 07.03.2018 | Audrey Pelé

En plein doute sur l’avenir du statut cadre, la CFE-CGC, la confédération de l’encadrement, entend redéfinir ce qui caractérise un membre de l’encadrement.

Selon vous, qu’est-ce qu’un cadre aujourd’hui ?

Être cadre aujourd’hui, prend un sens différent selon la manière dont on considère la question du statut. Historiquement, sociologiquement en France, le terme de cadre a un sens important dans les fonctions de carrière, dans l’évolution de carrière… Il symbolise aussi les 30 glorieuses, ce qu’est le progrès social et la contribution de toutes les catégories au modèle social français. Le statut est aussi lié à la convention Agirc mais aujourd’hui il est remis en question sur le plan technique avec la fusion Agirc-Arrco. Il était prévu dans l’accord signé le 30 octobre 2015 qu’il serait validé in fine s’il y avait une renégociation non pas sur le statut cadre mais plus précisément sur la définition de l’encadrement.

Où en sont les négociations ?

La première réunion a eu lieu le 21 décembre dernier et les négociations se poursuivront jusqu’au mois de mars. Nous rentrons donc dans ces pourparlers avec l’idée de redéfinir ce qui caractérise un membre de l’encadrement, les contraintes de sa fonction ainsi que ses responsabilités. Nous avons établi en interne un corpus de droits qui déterminent ce qui nous semble être un membre de l’encadrement : la reconnaissance de son rôle contributif à la prise de décision (notamment le droit au désaccord, au retrait, au respect de l’éthique personnelle…), le temps de travail (faire du forfait jour un marqueur…), les conditions de travail (incluant la charge mentale et notamment un droit à la déconnexion, et la possibilité de remettre en cause des objectifs inatteignables pour soi et son équipe…).

Je suis étonné de voir qu’aujourd’hui beaucoup de grandes entreprises multinationales viennent nous demander ce qu’est un cadre alors qu’elles ont elles-mêmes établi des classifications extrêmement précises des niveaux de responsabilités en interne. Une nouvelle définition leur fait sans doute un peu peur car elles voient cela comme une contrainte.

Le statut cadre pourrait-il disparaître ?

Le statut peut être remis en cause, le nom peut être remis en cause mais ce n’est pas ce qui est important. Nous sommes persuadés que le rôle et la fonction continueront à exister sous des formes différentes et amplifiées. Dans la société du savoir vers laquelle nous nous dirigeons il sera sans doute moins question de détenir un savoir technique (plus largement disponible) que d’utiliser son savoir acquis pour donner du sens progresser, inventer, former, animer, transmettre, dans le cadre d’une équipe, d’un groupe de projet, avec des indépendants, des salariés des solos etc. Dans un monde ouvert aux structures atomisées et aux interlocuteurs multiples, les membres de l’encadrement seront les structures porteuses des organisations qui se développent et les repères pour les salariés. Nous en faisons le pari.

Auteur

  • Audrey Pelé