logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le bloc-notes

Pour réussir une négociation, il faut un accord gagnant-gagnant

Le bloc-notes | publié le : 01.02.2001 | Raymond Soubie

Refondation : échec ou succès ?

Avec la nouvelle tension apparue entre le Medef et les syndicats autour de la question des retraites complémentaires est revenue la question de l'opportunité et de la pérennité du processus de refondation sociale. Qu'en penser ?

Le Medef a remporté deux grands succès. Dans un débat national, où chacun semble en panne d'idées et d'action, l'organisation patronale a pris une initiative nécessaire et courageuse. Elle a mis sur la table de vrais sujets, de l'emploi aux retraites en passant par la formation professionnelle ou les niveaux de négociation collective, et a invité les autres partenaires sociaux à se joindre à elle pour explorer de nouvelles pistes, mieux adaptées au nouveau siècle. Dans cet exercice, les propos forts, et parfois jugés abrupts, d'Ernest-Antoine Seillière et de Denis Kessler ont eu le mérite de montrer la portée de l'ambition et la détermination d'avancer. Le recours, pour y parvenir, à la négociation collective nationale, plutôt en berne ces dernières années, traduisait une évolution forte du Medef, qui souhaitait jusqu'ici privilégier la négociation d'entreprise. Ce changement était plutôt favorable aux syndicats et aurait dû être perçu agréablement par eux ainsi que par le gouvernement.

À ce succès initial s'en est ajouté un autre qui paraissait plus incertain : à la fin 2000, la refondation était toujours en vie. Le combat avait été dur, les intentions initiales passablement écornées, mais la victoire apparente semblait acquise au Medef. Les syndicats savaient qu'ils avaient plus à perdre qu'à gagner à l'interruption du processus. Le gouvernement, surtout sensible au départ à l'aspect politique du sujet, a aussi compris que tel était son intérêt.

En vérité, les difficultés rencontrées tiennent plus à la manœuvre sur le terrain qu'à la conception stratégique d'ensemble. D'abord, le Medef a clairement voulu remporter une victoire sur le gouvernement, en traitant sans lui, pour ne pas dire contre lui, quelques sujets d'importance. Malheureusement, dans l'histoire sociale de la France, aucun grand accord national n'a pu être conclu et encore moins appliqué sans l'assentiment explicite ou implicite de l'État. Ensuite, pour réussir une négociation, il faut rechercher un accord gagnant-gagnant. Aucune partie ne doit trop visiblement l'emporter.

Enfin, vouloir maintenir un rapport de force et une stratégie de tension permanente n'est pas toujours possible. Un jour, on peut être obligé, sans l'avoir vraiment voulu, de mettre ses menaces à exécution. Dans le cas présent, au détriment du processus de refondation, ce qui serait bien dommage.

Emploi et employabilité

On sent bien que beaucoup de discussions ouvertes aujourd'hui, ou simplement évoquées, dans notre pays tournent autour du thème de l'employabilité : activation des dépenses du chômage à travers la réforme de l'Unedic, réforme de la formation professionnelle, règles du licenciement et de la protection des salariés. Chacun sait bien qu'avec la mobilité stratégique des entreprises et l'accélération des changements technologiques la vraie défense de l'emploi passe par une amélioration de l'employabilité des salariés. On ne peut leur garantir leur emploi, mais au moins doivent-ils bénéficier de tous les efforts des entreprises et des pouvoirs publics pour que soient renforcées leur employabilité et leur capacité à retrouver un (bon) emploi. Cela passe par une politique de bilans, de gestion des compétences, de transfert d'employabilité et, bien sûr, de formation. Les entreprises seraient bien inspirées de la mener, ne serait-ce que dans leur propre intérêt, pour se doter des compétences cibles qui leur sont nécessaires et aussi pour être plus attractives sur le marché du travail. Les branches doivent conduire des négociations qui ouvrent la possibilité aux PME d'avoir recours à de tels instruments. Le gouvernement aurait logiquement à participer à une telle démarche dont, politiquement, il recueillerait les fruits.

2001

Il est risqué de jouer à l'astrologue et bien difficile de prédire de quoi l'année 2001 sera faite. Un scénario toutefois ne doit pas être négligé, ne serait-ce que pour se doter des moyens propres à l'écarter : celui dans lequel les salariés demanderaient à bénéficier, sous forme de rémunérations accrues, des dividendes de la croissance retrouvée, au moment même où celle-ci montrerait clairement des signes d'essoufflement.

Autre décalage à craindre et à éviter : une progression trop vive des dépenses publiques, alors que le temps des fourmis reviendrait. Des exemples pas si anciens montrent qu'on a toujours intérêt à utiliser les périodes de croissance pour régler de vraies questions structurelles et pas seulement pour ouvrir les cordons de la bourse. Mais il est vrai qu'en économie comme ailleurs, le pire n'est pas toujours certain.

Auteur

  • Raymond Soubie