Marc Deluzet : Deux logiques président à ce choix. Un premier objectif d’optimisation des coûts. Si un collaborateur n’est pas là, le poste de travail doit pouvoir être utilisé par quelqu’un d’autre. Les études à ce sujet montrent que, dans les services tertiaires des grandes entreprises, avant d’opérer ce changement, le taux d’occupation des bureaux est de 60 %, voire moins. Dans le même temps, l’objectif est aussi de faire tomber les cloisons, au propre comme au figuré. Pour moduler l’espace de travail en fonction de l’activité, de la tâche que le collaborateur a à faire. Avec des besoins d’espaces différents, s’il s’agit d’un travail de concentration, ou de concertation et d’échange. Étant entendu que ces espaces sont réaménagés justement pour favoriser le travail collaboratif. Généralement, les promoteurs insistent sur ces deux dimensions : une occupation de l’espace de travail rationalisée et optimisée. Et une organisation de travail différente permise par ces espaces réaménagés en flex office.

M.D. : L’idée sous-jacente est que si on collabore, on va être plus efficace, plus performant. C’est même quasi idéologique. Mais il faut comprendre que les situations de travail sont plus complexes. Pour faire face à cette complexité, la performance repose de plus en plus sur l’autonomie des personnes et leur capacité à prendre des initiatives. Grâce à des informations qui vont mieux circuler, une fois les espaces décloisonnés. La vertu du travail collaboratif repose sur l’information partagée, condition de la performance et de l’efficacité.

M.D. : Il n’y a pas de baguette magique. Ce n’est pas parce que l’on fait brutalement tomber les cloisons, que spontanément, cela va générer du travail collaboratif, et que le management va changer. Cela suppose d’opérer aussi un travail sur le management, qui doit interroger la manière dont on partage l’information. Dans une organisation de travail, si vous ne donnez pas aux collaborateurs les moyens d’échanger sur leurs difficultés, vous perdez de l’efficacité, de la performance, du bien-être. Ce qui me semble essentiel dans l’activité professionnelle, c’est que le travail soit un sujet de discussion entre collaborateurs. Les espaces de travail plus ouverts sont vertueux s’ils permettent cela, en offrant des lieux informels d’échange. De manière générale, les transformations dans une entreprise sont d’autant mieux vécues qu’elles ont été discutées. Les réaménagements de l’espace doivent aussi être discutés et les salariés doivent y être associés.