logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Le paritarisme en sursis

Édito | publié le : 04.01.2018 | Jean-Paul Coulange

Image

Le paritarisme en sursis

Crédit photo Jean-Paul Coulange

La cacophonie qui règne autour de la succession de Pierre Gattaz à la tête du Medef ne survient pas au meilleur moment. À défaut du scénario attendu – une passation en douceur qui aurait vu Jean-Dominique Senard, le président de Michelin, s’installer cet été à la tête de l’organisation patronale – le Medef est engagé, pour encore plus de six mois, dans une intense campagne électorale. Les familiers de l’avenue Bosquet objecteront que le scénario n’est pas franchement nouveau pour qui se souvient des luttes fratricides entre Jean-Louis Giral et Jean Gandois, ou de la guerre des deux Yvon, Chotard et Gattaz, au sein du vieux CNPF. Voire de la tentative, avortée, de Laurence Parisot de faire un mandat de plus, en 2013, par le biais d’une modification des statuts qui lui a, elle aussi, été refusée.

Force est de constater que le patronat ne sait pas préparer la relève, contrairement aux syndicats de salariés. Du moins la CFDT et Force Ouvrière, où le passage de relais entre le regretté François Chérèque et Laurent Berger, en 2012, pour la première et celui qui aura lieu entre Jean-Claude Mailly et Pascal Pavageau, au mois d’avril, à FO, s’est fait sans gros heurts. La complexité de l’organisation patronale et de sa gouvernance et ses profondes divisions internes sont une des explications de l’imbroglio actuel. Reste que le couac de décembre est intervenu alors que patronat et syndicats sont lancés dans des négociations capitales : celle de la formation professionnelle et de l’assurance-chômage. Deux domaines, avec les retraites complémentaires, où les partenaires sociaux sont partie prenante et où leur efficacité est contestée par l’exécutif. Face au danger, patronat et syndicats ont décrété l’état d’urgence. Sur la formation professionnelle, leur pré carré, il ne leur a pas été très difficile de s’entendre sur les priorités, le calendrier et la méthode de négociation. En revanche, pour l’assurance-chômage, les divergences de vue sont beaucoup plus fortes, avec la réelle menace d’une étatisation du système. Les partenaires sociaux sont au pied du mur. C’est tout simplement le paritarisme à la française, dans un pays où l’État n’est pas toujours et partout le meilleur gestionnaire, qui est en jeu.

Auteur

  • Jean-Paul Coulange