logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Décodages

Entretien avec Mehdi Houas, président-fondateur du groupe Talan

Décodages | publié le : 06.11.2017 | Gwénolé Guiomard

Image

Entretien avec Mehdi Houas, président-fondateur du groupe Talan

Crédit photo Gwénolé Guiomard

Comment avez-vous bâti un groupe en quinze ans ?

Depuis 2002, nous avons effectivement développé le groupe de façon importante en atteignant les 1 800 consultants sur quatre continents. L’entreprise est toujours une société indépendante détenue par ses fondateurs à 65 %, par 25 associés-salariés, à hauteur de 20 % et par le fonds Capzanine, à hauteur de 15 %. Notre entreprise est en bonne santé. Nous avons maintenant comme ambition d’atteindre la barre du milliard d’euros de chiffre d’affaires avec 10 000 salariés en 2022. Il faudra alors doubler de taille tous les deux ans. Nous avons embauché 500 personnes en 2016 et nous prévoyons 900 recrutements au total cette année. Nous devrions aussi nous développer en rachetant des entreprises intéressantes. Nous avons fait rentrer le fonds d’investissement pour accompagner cette croissance externe. Tout est prêt pour accompagner notre croissance.

Quels sont vos leviers de croissance ?

Cette stratégie repose avant tout et essentiellement sur la qualité de nos collaborateurs. Nous avons besoin de rentabilité pour financer notre développement. Et cette rentabilité est générée par le travail de nos salariés. Par leur volonté d’obtenir, à leur échelle, de micro-rentabilités. Notre but est de créer de la richesse et de la partager de manière très généreuse. C’est la clé de notre succès. Elle place l’ensemble de nos consultants dans une dynamique positive. Notre calcul est simple. Nous devons autofinancer notre croissance grâce à un développement de 10 % par an. Dès que nous dépassons les 15 %, le reste est reversé aux salariés. On a aussi besoin de grossir car nos collaborateurs souhaitent développer leur expertise, réaliser des projets de premier plan, gérer de plus en plus de consultants. Nous devons leur proposer un terrain de jeu en expansion.

Comment se décline votre politique des ressources humaines ?

Pour un salarié, cette politique RH se développe en trois temps. À court terme, celui qui crée de la richesse, celui qui atteint ses objectifs, est rémunéré par un bonus. Nous n’attendons pas que l’entreprise gagne globalement de l’argent pour débloquer les primes. C’est individualisé. À moyen terme, notre système confie des responsabilités managériales de plus en plus importantes aux bons salariés. Enfin, à long terme, nous proposons à nos meilleurs consultants de devenir actionnaires. Ainsi, nous avons lancé un plan d’actions cette année. Il permettra de distribuer 1 % du capital de l’entreprise sur 5 ans.

Pourquoi aidez-vous vos salariés à montrer leur propre entreprise ?

Nous valorisons en effet cette attitude. En 2002, dès la fin de notre première année d’existence, deux de nos salariés avaient monté des spin-off avec Talan comme premier client. Nous poussons nos salariés à être autonomes, à être intrapreneurs. Nous leur facilitons la tâche pour qu’ils deviennent des partenaires de l’entreprise.

L’autonomie est donc la pierre angulaire de votre méthode managériale ?

Nous accompagnons les parcours de nos talents tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’entreprise, tant en France qu’à l’étranger. Cette politique est très importante. Nous avons récemment organisé une soirée avec 250 ex-salariés de Talan afin de créer un club des anciens. Nous promouvons aussi tous les talents, toutes les différences. C’est un acte managérial fort. Je suis pour ma part très actif dans le milieu associatif et j’ai interrompu ma carrière pour devenir ministre du Commerce et du Tourisme de Tunisie. Talan doit être comme une galaxie dans laquelle les salariés peuvent venir ou partir, en étant protégé par un contrat de travail ou en phase de création d’entreprise. Nous devons proposer à chacun le bon véhicule pour qu’il s’accomplisse.

Que vous a apporté cette expérience ministérielle en termes de management ?

J’ai été ministre de la Tunisie de janvier à décembre 2011. Mes équipes ont alors compris que Talan n’est pas liée à un seul individu. Personnellement, j’ai pu acquérir une vision de l’intérêt général, prendre du recul pour gérer les affaires d’un État. J’ai amélioré ma vitesse de prise de décision. J’ai aussi peaufiné ma qualité d’analyse et de gestion des conflits. Dans un pays en ébullition, chaque décision est à prendre vite et bien. J’ai, enfin, amélioré la qualité de mon travail en équipe.

Mehdi Houas 57 ans

1983

Diplômé de Télécom Paris.

1986

Recruté par IBM à la direction des télécommunications et des nouvelles technologies.

1989

Création de Telease consultant, société de conseil et services en réseaux/télécoms avec Philippe Cassoulat et Éric Benamou.

2002

Création de Talan avec les mêmes associés.

2011

Ministre du Commerce et du Tourisme dans le gouvernement de transition tunisien.

Auteur

  • Gwénolé Guiomard