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Idées

Une salariée à bout de souffle

Idées | Livres | publié le : 04.09.2017 | Lou-Eve Popper

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Une salariée à bout de souffle

Crédit photo Lou-Eve Popper

La journaliste Danièle Laufer témoigne de son expérience destructrice au sein de la rédaction d’un magazine.

Le cœur a ses raisons que la raison ignore. » Après réflexion, Danièle Laufer a tout de même fini par comprendre pourquoi elle avait été victime, en février 2014, d’un tako tsubo, cette pathologie spectaculaire encore appelée « maladie du cœur brisé », au cours de laquelle le ventricule gauche se dilate sous l’effet d’un stress violent. À cause de ce qu’elle nomme « un chagrin de travail ».

Après avoir subi des années durant les injonctions contradictoires de sa hiérarchie, laquelle exigeait une production toujours plus dénuée de sens à ses yeux, l’auteure de L’Année du phénix a fini par craquer. Son burn out cardiaque a aussi été le résultat d’un management agressif, à l’origine d’une ambiance de travail délétère au sein de la rédaction. Danièle Laufer décrit ainsi par le menu les humiliations de la vie au bureau, le comportement autocratique de ses chefs et l’hostilité de ses collègues, elles-mêmes excédées par la surcharge de travail.

Bref, ces multiples violences du quotidien qui lui ont grignoté le myocarde pendant des années avant de l’envoyer aux urgences, à la suite d’une énième altercation avec l’une de ses consœurs. En creux de ce douloureux vécu se dessine le portrait au vitriol d’une presse écrite en pleine déliquescence, où la souffrance est devenue la norme tant les conditions de travail se sont dégradées ces dernières années. Un secteur où le top management qualifie désormais le journal de « support », où la forme prime sur le fond, où il est devenu impossible d’être rigoureux sans être violemment mis à l’écart.

Outre son récit personnel, Danièle Laufer offre au lecteur une enquête intéressante, méritant d’être approfondie, sur les liens entre stress et maladie cardiovasculaire. Son histoire rejoint celles de milliers de personnes, des femmes en particulier, vaincues par une trop forte pression au travail. De quoi élever au rang de problème de santé publique le cœur de ces dernières, conclut l’auteure, qui a elle-même fini par démissionner.

Tako tsubo, un chagrin de travail, Danièle Laufer. Les liens qui libèrent. 160 pages, 15 euros.

Auteur

  • Lou-Eve Popper