Prospérité économique, médecine plus performante que jamais, déclin de la criminalité… Nos sociétés occidentales vivent, assurément, une ère d’abondance. Seul bémol, faute d’utopie, nous n’avons plus de raison de nous lever le matin. L’historien Rutger Bregman propose donc de rouvrir grand les fenêtres de notre imagination pour concevoir un monde meilleur. Un monde dans lequel les actifs cesseraient de s’épuiser au travail, où les esprits les plus brillants ne rêveraient plus de devenir banquiers, où chacun aurait droit à un revenu de base et où les frontières seraient enfin ouvertes. Loin d’un pamphlet écrit par un universitaire de gauche enflammé, Utopies réalistes est un livre qui offre des pistes sérieuses pour éradiquer la pauvreté et faire reculer les inégalités. Pour chacune de ses propositions, l’auteur s’appuie ainsi sur des expériences couronnées de réussite et sur les travaux récents d’économistes de renom comme Thomas Piketty, Esther Duflo et bien d’autres encore. La quasi-totalité de cet essai anti-décliniste va à contre-courant de la philosophie ambiante. Mais qu’importe, clame Bregman, car « on sait bien que les idées changent avec le temps. L’avant-garde d’hier est le sens commun d’aujourd’hui. Aussi, face aux sceptiques et aux technocrates, ce dernier nous enjoint à continuer à « édifier des châteaux dans le ciel ». Exaltant.

Utopies réalistes, Rutger Bregman. Éditions Seuil. 320 pages, 19,50 euros.