J’ai le sentiment d’une grosse perte de temps. Je n’étais pas hostile au départ. Mais c’est un univers où règnent un jeunisme extrême, une ambiance infantilisante et où les employés sont perçus comme des adolescents attardés. Sur le lieu du travail, il y avait des baby-foot, des tables de ping-pong et des saladiers de bonbons. Et un déficit intellectuel abyssal ! Aucune place pour la culture, la réflexion. Il faut être cool, branché. Cette expérience de quatre ans ne figure pas sur mon CV. Je dirai, malgré tout, que cela m’a permis d’apprendre à me défendre, à me blinder. Et à améliorer mon anglais.

Malgré le message qu’il veut faire passer « être cool, comme en famille et sans hiérarchie pyramidale », il instaure une compétition insidieuse entre les salariés et incite à abolir la frontière entre vie professionnelle et vie privée. Ce sont des patrons un peu vieille école qui ne voient pas le mal à ne faire travailler que des stagiaires. Je me suis retrouvée un jour avec un CDD de six mois et une période d’essai d’une durée équivalente. Lorsque je suis allée voir la DRH, j’ai appris que tous mes collègues étaient dans le même cas. Beaucoup de jeunes sont motivés et prêts à se lancer. Parfois au prix d’une grande précarité.

En Allemagne, la culture du CDD avec une période d’essai identique à la durée du contrat n’est pas rare. Mais en France, sur dix postes de manager ou de leader proposés sur les sites de recrutement, huit sont des stages. Tout cela dissimule un mensonge et de la manipulation. Il y a un effet psychologique évident. Les jeunes se disent qu’ils vont être managers et que leur mère sera fière. Mais ce sont des petites mains jetables que les patrons exploitent.