On assume d’être turbulents. Nous n’allons pas attendre un mot d’ordre pour faire barrage au projet de Macron de réformer le droit du travail par ordonnances », s’exclame Romain Altmann. À 39 ans, le secrétaire général du syndicat Info’Com de la CGT est un trublion qui fait parler de lui. Il est l’un des fondateurs du Front social, ce collectif de syndicalistes (Sud PTT, CGT Goodyear) et d’associations né de la déception après les manifestations contre la loi El Khomri. À la suite de l’élection d’Emmanuel Macron, le Front social a organisé une manifestation le 8 mai. Il appelle à un nouveau rassemblement le 19 juin, au lendemain des législatives. Romain Altmann veut aller vite pour lutter contre les projets de réforme annoncés par le président de la République. Il s’appuie sur les réseaux sociaux. « La dernière manifestation a été organisée en dix jours sur Facebook », se réjouit-il. Après dix ans de militantisme à la CGT, cet ancien secrétaire de rédaction au Monde entend surtout dépoussiérer le syndicalisme. « On doit être réactifs, s’ouvrir aux citoyens pour lutter contre les réformes sociales qui s’annoncent. Mais la CGT est paralysée par des lourdeurs d’appareil. » Un point de vue de l’intérieur puisqu’il connaît la centrale de Montreuil depuis son passage comme secrétaire général des jeunes auprès de Bernard Thibault. Philippe Martinez, l’actuel secrétaire général, n’apprécie guère cet agitateur. Il a condamné le Front social et son appel « à battre la peste et le choléra » au second tour des élections présidentielles. Romain Altmann n’en a cure. « On n’entend pas nuire aux syndicats. Mais on prend des libertés pour agir ».