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L’apprentissage, adapté aux plus motivés

Le journal des RH | Formation | publié le : 02.05.2017 | Laurence Estival

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L’apprentissage, adapté aux plus motivés

Crédit photo Laurence Estival

En France, le nombre de jeunes apprentis stagne depuis dix ans. Où sont les freins ?

La crise économique depuis 2008 a conduit les entreprises à être prudentes, mais la baisse de 20 % des effectifs dans les niveaux de formation inférieurs au bac, qui représentent 65 % du nombre d’apprentis, est inquiétante. Ce sont toujours les mêmes entreprises et les mêmes secteurs qui jouent le jeu. Contrairement à ce qui se passe en Allemagne, la culture de l’apprentissage n’est pas très répandue en France. La plupart du temps, l’apprenti est considéré comme une main-d’œuvre au rabais. À leur décharge, les employeurs soulignent le manque de maturité des apprentis ou le nombre de tâches qu’ils ne peuvent pas confier aux mineurs. Mais beaucoup ne sont pas prêts non plus à remplir leur mission formatrice, la formalisation du rôle de tuteur n’étant pas dans l’Hexagone au centre du dispositif. Or, c’est cette question vitale qui mobilisera les professionnels et relancera l’apprentissage.

Pour autant, l’apprentissage se développe dans l’enseignement supérieur, preuve que les employeurs sont intéressés par ce mode de formation…

C’est en effet dans le supérieur que se situent les plus fortes marges de progression et c’est grâce à l’augmentation des effectifs post-bac que les chiffres globaux restent stables. Les entreprises recherchent aujourd’hui de la main d’œuvre qualifiée. Dans bien des cas, il s’agit pour elles de repérer des jeunes qu’elles pourront ensuite embaucher pour satisfaire leurs besoins et elles n’hésitent pas à créer des cursus ad hoc avec des établissements du supérieur pour y répondre. Pour les apprentis eux-mêmes, c’est un moyen d’avoir une expérience valorisante. Les diplômés de l’enseignement supérieur passés par l’apprentissage obtiennent des salaires à l’embauche plus élevés que leurs camarades, ce qui n’est pas le cas pour les apprentis pré-bac.

Les politiques font-ils donc fausse route quand ils présentent l’apprentissage comme un moyen de favoriser l’accès au marché du travail des publics en difficulté ?

Il y a sans doute des exceptions, mais globalement l’apprentissage n’est pas adapté à ces publics. Les entreprises dégagent peu de réels moyens pour les former, donc seuls les plus motivés réussissent. Les décrocheurs doivent quant à eux d’abord passer par des écoles de la seconde chance ou des entreprises d’insertion pour renforcer leur employabilité avant de penser à l’apprentissage. Plus que l’apprentissage, ce sont tous ces parcours qui sont à repenser.

Auteur

  • Laurence Estival