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Idées

Plaidoyer pour un État disruptif

Idées | Livres | publié le : 02.05.2017 | Nicolas Lagrange

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Plaidoyer pour un État disruptif

Crédit photo Nicolas Lagrange

Les services publics français peuvent et doivent s’auto-ubériser, pour être plus efficaces et rester maîtres du jeu.

S’authentifier via Facebook Connect pour payer ses impôts en Grande-Bretagne, identifier une épidémie de grippe avec Google plus sûrement qu’avec les réseaux de santé publics… l’ubérisation des services publics a bel et bien commencé, affirment Laura Létourneau et Clément Bertholet, tous deux hauts fonctionnaires. à la manœuvre, le plus souvent : les Gafa. Agiles et réactifs, ils promeuvent l’intérêt général. Mais sont aussi le bras armé de la puissance américaine, poursuivent une logique de rentabilité, et instaurent de très forts liens de dépendance.

« Si nous voulons un État souverain, accélérons la modernisation publique afin que nous n’ayons pas à nous en remettre (uniquement) aux Gafa pour l’exercer », exhortent les auteurs. Qui soulignent toutefois que la contre-offensive de l’Administration française a déjà commencé. En témoignent l’expansion des services en ligne et l’incubateur de start-up développé au sein des ministères de Bercy. Ainsi, mes-aides.gouv.fr recense toutes les aides auxquelles les citoyens sont éligibles, à partir de quelques questions sur leur situation sociale. Mais il faut aller plus loin, insistent les deux commis de l’État. Première préconisation, classique : mettre sur pied une plate-forme numérique unique, permettant de renseigner certaines données une fois pour toutes et regroupant l’ensemble des démarches administratives. Deuxième préconisation, plus disruptive : « sortir de la logique de portail pour aller vers celle de méta-plateforme ». Objectif : « ne pas systématiquement proposer un service fini mais ouvrir ses outils et ses données pour que d’autres les subliment ». Autrement dit être un incontournable facilitateur, en déléguant à d’autres prestataires s’ils savent mieux faire, sans publier « un cahier des charges exhaustif qui borne la créativité et décapite l’innovation ». Illustration avec la start-up Nouma, qui « pourrait devenir le Airbnb des appels d’offres publics en les recensant tous ». Le gouvernement chinois ne donne-t-il pas des challenges à résoudre aux universités sans imposer ses solutions, interrogent les auteurs ? Autres suggestions : promouvoir les labels de coopération entre l’État et les acteurs externes, à l’instar de « La France s’engage », et encourager les démarches d’innovation citoyenne, y compris fiscalement.

Autant de pistes d’auto-ubérisation pour les services publics français, qui constituent un défi redoutable, pour introduire une culture permanente de l’expérimentation et de l’évaluation. Au final, une vision optimiste, assortie d’une boîte à idées stimulante, pour dynamiser l’action publique.

Ubérisons l’État avant que d’autres ne s’en chargent, Clément Bertholet, Laura Létourneau. Éditions Armand Colin. 216 pages, 22 euros.

Auteur

  • Nicolas Lagrange