Le 4 avril dernier, l’intersyndicale VTC regroupant la CFDT, Actif VTC et l’UDCF a appelé les clients d’Uber à boycotter la plate-forme. Cet appel a été lancé suite à l’échec des négociations, entamées le 20 février, visant à faire évoluer la politique tarifaire d’Uber. Outre son niveau élevé de commissions (de 25 % sur chaque course), l’intersyndicale avait dans le viseur le processus de déconnexion mis en place par la plate-forme, qui lui permet d’envoyer à la trappe, de façon aussi brutale qu’unilatérale, les chauffeurs ayant été mal notés par les clients. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’intersyndicale n’a pas lancé d’appel à la déconnexion des chauffeurs – qui auraient aussi pu paralyser la plate-forme… mais au risque de se retrouver ensuite « radiés » par Uber – et préféré en appeler au sens civique des consommateurs. Comme l’explique Sidiki Sy, président de l’UDCF : « Notre objectif était de sensibiliser les usagers aux conditions de travail des chauffeurs Uber. On estime qu’ils gagnent aujourd’hui moins de 7 euros net de l’heure. Pour toucher l’équivalent d’un smic, certains d’entre eux roulent jusqu’à seize heures par jour, mettant en péril leur sécurité comme celle de leurs clients. » Les clients ainsi sensibilisés étaient appelés à se déconnecter de la plate-forme et à poster une copie de leur écran, après déconnexion, avec le hashtag #jeboycotteUBER. Ils étaient par ailleurs invités à se tourner vers d’autres applications de transport, pratiquant des commissions entre 12 et 20 % et des tarifs horokilométriques décents pour leurs chauffeurs. Si Uber n’a pas communiqué sur le nombre de déconnexions d’utilisateurs enregistrées le 4 avril dernier, la médiatisation accrue des difficultés rencontrées par les chauffeurs de la plate-forme finira sans doute par porter ses fruits. Et incitera peut-être les consommateurs à devenir consom’acteurs de leurs trajets, quitte à payer plus cher leur course, au nom d’un certain modèle social.