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Idées

Félicité ou le combat d’une mère

Idées | Culture | publié le : 06.03.2017 | Alexia Eychenne

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Félicité ou le combat d’une mère

Crédit photo Alexia Eychenne

Une chanteuse de Kinshasa doit réunir une importante somme d’argent pour faire soigner son fils. Le portrait juste d’une battante, sur fond d’injustice sociale.

À la nuit tombée, les habitants de Kinshasa se retrouvent dans une gargote pleine à craquer pour onduler au son du Kasai Allstars, un melting-pot musical venu du centre de la RDC. Félicité chante de sa voix rauque sur le devant de la scène. Le monde de la jeune femme s’écroule la nuit où Samo, le fils adolescent qu’elle élève seul, est gravement blessé dans un accident de moto. Dans un hôpital qui transpire la pauvreté, les médecins refusent d’opérer le garçon tant que Félicité ne réunit pas une importante somme d’argent.

Le réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis, récompensé par le Grand prix du jury à la Berlinale 2017, suit la quête de Félicité pour sauver la jambe de son fils. Cadrage serré sur son visage, il l’accompagne des faubourgs déshérités aux quartiers huppés. La chanteuse commence par frapper chez tous ceux qui lui doivent de l’argent. Son obstination sobre rappelle le personnage de Sandra dans Deux jours, une nuit, des frères Dardenne. Félicité se convainc aussi de solliciter un riche bourgeois. De ceux que les résidences ultrasécurisées rendent aveugles à la réalité sociale du pays. Une révolution intérieure pour celle qui, de ses mots, « ne demande jamais ».

Le portrait de femme se révèle d’autant plus poignant que Félicité ne tombe jamais dans les clichés de la « mère courage ». Sa rencontre avec Tabu, mécanicien raté, ivrogne jouisseur et inconséquent, finit même par l’éveiller à une forme de légèreté. Une autre arme puissante dans l’adversité.

Félicité (2 h 03), film d’Alain Gomis, avec Véro Tshanda Beya. Sortie le 29 mars.

Auteur

  • Alexia Eychenne