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Édito

L’heure des choix face au mutations

Édito | publié le : 01.02.2017 |

C’est un rapport fort pertinent qu’a sorti le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) au début du mois de janvier. Il est consacré aux impacts de l’automatisation et de la numérisation sur le volume, la structure et la localisation des emplois. Enjeu on ne peut plus anxiogène, et qui focalise peurs et craintes sur la possible destruction massive de postes. Que dit le COE? D’abord que « moins de 10 % des emplois existants présentent un cumul de vulnérabilités susceptibles de menacer leur existence ». Les consultants qui prophétisent la mort de près de 50 % des emplois dans les vingt ans en seront pour leurs frais… Toutefois, ajoute le COE, la moitié des emplois vont évoluer « de façon significative à très importante ». D’où un besoin énorme de montée en compétences et de meilleure qualification.

À ce titre, l’exemple de la presse se révèle intéressant. Celui du quotidien régional La Voix du Nord particulièrement, dont un plan social touchant 25 % des effectifs fait grand bruit depuis son annonce début janvier. Que dit cette histoire? Qu’actuellement, sans anticipation de la part des patrons de presse, l’avenir de ce secteur fortement bousculé par l’invasion du numérique dans les habitudes de lecture (sans omettre un vieillissement du lectorat) ne pourra passer que par des coupes claires dans les effectifs, chez les journalistes en particulier. Car que faire d’un rédacteur de terrain, rompu certes à l’exercice de recoupement des sources, mais peu au fait du référencement de son site d’information par Google, quand la mutation technologique impose le recrutement d’un community manager ou d’un data journaliste? La réponse actuelle, malheureusement, passe plutôt par un licenciement, fort onéreux pour la collectivité par ailleurs, que par un vrai projet de formation pensé en amont et qui emporte l’adhésion du salarié.

Un changement fondamental de culture doit désormais prévaloir. Comme dans les télécoms, certains groupes de presse ne se contentent pas de récupérer une technologie indispensable, mais commencent à créer un écosystème avec start-up et labs afin d’acculturer leurs salariés à cette transformation. Qui dit acculturation au numérique dit temps long, accompagnement, investissements. Et volonté. Ce n’est qu’à ce prix qu’une presse digne de ce nom continuera à jouer son rôle pivot au sein de notre démocratie. Ce n’est qu’à ce prix que les journalistes, acceptant de voir leur métier « significativement évoluer », comme l’écrirait le COE, pourront encore effectuer leur mission d’informer, en collectant, triant, vérifiant, hiérarchisant la somme exponentielle d’informations à disposition du public. Liaisons sociales magazine est confronté à ces choix. Il est à un tournant de sa riche histoire. Une histoire qui se déroulera désormais sans l’essentiel de sa rédaction actuelle, qui a choisi d’expérimenter cette mutation sous d’autres bannières.