logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Le journal des RH

Des cabinets d’expertise CHSCT rappelés à l’ordre

Le journal des RH | L’actu conseil | publié le : 02.01.2017 | Éric Béal

Le Syndicat des experts agréés CHSCT tance les cabinets qui communiquent sur leurs missions.

L’affaire remonte au 13 octobre 2016, avec la publication d’une lettre envoyée au P-DG de La Poste. Huit cabinets d’experts agréés protestent contre « la dégradation des conditions de travail et le mépris du dialogue social manifesté dans les différents secteurs et aux différentes échelles du groupe ». La réaction du syndicat représentant les cabinets ne s’est pas fait attendre. « Le SEA CHSCT considère que l’expression publique sur la situation d’une entreprise et de ses salariés ou agents appartient aux instances représentatives du personnel – dont les CHSCT – ainsi qu’aux organisations syndicales qui les animent. » Cette organisation regroupe 27 cabinets agréés, effectuant 85 % du total des expertises réalisées chaque année. Secrétaire général du SEA CHSCT, Jean-Luc Bizeur estime qu’il était important de rappeler que le rôle d’un expert se cantonne à permettre au CHSCT de pouvoir s’exprimer avec efficacité. « Nous pouvons nous exprimer sur des problèmes généraux de santé au travail, mais nous ne devons pas le faire concernant une entreprise particulière. » Prudent, il ajoute qu’il est de notoriété publique que la direction de La Poste conteste un certain nombre d’expertises demandées par ses CHSCT, mais précise ne pas savoir pourquoi ses confrères ont pris cette initiative.

Sortir du rôle d’expert

Ce rappel à l’ordre a fait sourire Nicolas Spire, expert au sein du cabinet Apteis et signataire de la lettre incriminée. « Leur initiative n’est pas très confraternelle, estime-t-il. Ils nous font la leçon alors que l’un de leurs adhérents a beaucoup communiqué sur les suicides de salariés chez France Télécom. » Lui aussi signataire, son confrère Nicolas Bouhdjar, du cabinet Cedaet, reconnaît le devoir de réserve des experts extérieurs. Mais estime que la lettre à La Poste n’était pas déplacée. « Le SEA CHSCT nous accuse de sortir de notre rôle, mais c’est précisément parce qu’il ne nous est plus possible d’exercer celui-ci convenablement que nous avons pris la parole », précise-t-il. Sur le fond, les deux experts décrivent une guerre frontale menée par la direction du groupe, avec refus de présenter les modèles statistiques utilisés pour justifier les cadences imposées aux facteurs, non-présentation de documents et recours juridiques systématiques. « Nous avons pris nos responsabilités car les salariés vont mal », insistent-ils. Depuis la publication de son communiqué, le SEA CHSCT se fait discret. Le président est injoignable. Impossible de savoir qui a pris la décision de réagir. Or le cabinet Indigo Ergonomie, membre du syndicat et signataire de la lettre tant critiquée, s’est retrouvé en porte à faux. Non consultés sur l’initiative, ses responsables ont décidé de démissionner du SEA CHSCT.

Auteur

  • Éric Béal