Progression du travail indépendant, nouvelles formes d’emploi collaboratives, recours massif aux agents non titulaires dans la fonction publique… Ces évolutions peuvent-elles s’apparenter à un démantèlement du salariat ? Elles témoignent au contraire de son extension, répondent les auteurs de la Revue française de socio-économie, exemples et jurisprudences à l’appui. Ainsi, le régime de l’autoentrepreneur en France tout comme le statut du travailleur autonome en Espagne, qui peuvent recouvrir de nouvelles formes de subordination, confèrent aux intéressés des droits sociaux proches de ceux dévolus aux salariés (hormis pour la couverture chômage dans le cas français). Idem dans la fonction publique, où le statut de fonctionnaire peut sembler inadapté aux besoins de modernisation et aux attentes de flexibilité. Mais il reste le modèle à atteindre pour les non-titulaires (20 % de l’emploi public total), qui vivent négativement leur subordination et l’absence de certains droits. Une perception qui s’accroît logiquement avec l’âge. Pour autant, dupliquer les droits associés au salariat pour sécuriser les formes d’emploi atypiques n’est pas toujours pertinent. Mieux vaut explorer la référence aux droits fondamentaux et viser l’élaboration de nouvelles normes collectives, suggèrent les auteurs.

L’emploi à l’épreuve de ses marges, « Revue française de socio-économie », n° 17, 2016/2. Éd. La Découverte. 200 pages, 25 euros.