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Édito

Aux urnes citoyen(ne)s !

Édito | publié le : 02.01.2017 |

Savez-vous ce qu’il se passe du 30 décembre au 13 janvier ? Si vous répondez les soldes d’hiver, vous avez tout faux. Durant quinze jours, près de 4,6 millions de Français travaillant dans une entreprise de moins de 11 salariés sont invités à choisir leurs représentants syndicaux pour les quatre prochaines années. Même les employés à domicile sont de la partie, au grand dam, d’ailleurs, de la Fédération des particuliers employeurs. Malgré les campagnes d’affichage, les déplacements des leaders syndicaux, les appels à voter de la ministre du Travail, rares sont celles et ceux ayant eu vent de cette élection, sans même parler de ses nombreux enjeux. Il faut dire que le silence des médias grand public ne les y aide pas.

Car c’est bien là tout le paradoxe de ce scrutin maudit. Quand on les consulte pour élire les membres des comités d’entreprise et délégués du personnel, les salariés vont voter à 85 %. Sauf que là, reportée de quinze jours pour cause de recours intempestif de la CGT contre le Syndicat des travailleurs corses (STC), l’élection dans les TPE a toutes les chances – ou risques – d’être massivement boudée. Sur le terrain, les militants ont dû refaire tracts et affiches à la suite de ce pataquès juridique bien inutile. Non seulement les Corses peuvent concourir, mais en plus la mobilisation entretenue jusqu’alors pourrait faire les frais de la trêve des confiseurs.

Déjà, en 2012, ils étaient tout juste 10 % à avoir glissé un bulletin dans l’urne. Les petits patrons rechignent à dégager du temps pour permettre à chacun de faire son devoir de travailleur. La CGPME n’a eu de cesse de combattre la création des commissions paritaires régionales interprofessionnelles, chargées de faire vivre le dialogue social localement, au nom de la liberté du chef d’entreprise. Alors battre le rappel pour que ses ouailles décident qui de la CGT ou de la CFDT doit porter leur voix…

Plus qu’ennuyeux pour des centrales qui jouent pourtant leur avenir à travers ces bulletins de vote. Les résultats, proclamés le 3 février, seront combinés à ceux des élections dans les entreprises de plus de 10 salariés cumulés depuis quatre ans. De ce grand moulinage sortira la représentativité de chacun. La CFDT talonne l’historique numéro un, la CGT. Sa victoire porterait un coup à Philippe Martinez, le secrétaire général, qui a radicalisé son discours depuis la loi travail.

Une petite participation serait préjudiciable. Elle affaiblirait donc non seulement la crédibilité des syndicats, mais donnerait aussi raison à tous ceux qui pourfendent leur utilité. Voter, c’est donc aussi défendre celles et ceux qui ont choisi de donner du temps aux autres. À l’heure du « syndicalisme bashing », et alors que le social reste le grand absent des programmes de la gauche, un petit bulletin vaut bien deux heures de soldes en moins.