Le 19 janvier, Alain Griset, 63 ans, chauffeur de taxi, prendra les rênes de l’Union des entreprises de proximité (U2P), la troisième organisation patronale interprofessionnelle. Il bénéficiera d’une prise de fonction sans heurt puisque la présidence de l’U2P échoit alternativement à la branche de l’alimentation de détail (CGAD), à celle des métiers de services (Cnams), à celle du bâtiment (Capeb) et enfin aux professions libérales (UNAPL), nouvellement arrivées pour constituer un ensemble fort de 2,3 millions d’entreprises employant un quart des salariés français.

Désigné par la Cnams en juin dernier, ce Ch’ti aux yeux bleus reprend le flambeau de la défense des petites entreprises et de l’artisanat, porté par ses prédécesseurs. « Les entreprises que nous représentons doivent bénéficier des meilleures conditions pour se développer, en matière de fiscalité, de charges sociales ou de concurrence vis-à-vis des travailleurs indépendants. » Le nouveau président veut profiter de l’élection présidentielle pour interpeller les candidats sur les 13 priorités présentées par son organisation en automne. Comme son prédécesseur, il souhaite inverser l’habitude du législateur de concocter des lois « pour les 10 % d’entreprises les plus grandes, alors que toutes les autres ont moins de 20 salariés ». Impatient de se retrouver aux manettes, il peut s’appuyer sur une expérience de dirigeant qu’aucun artisan taxi n’a pu accumuler avant lui. Président de la chambre de métiers et de l’artisanat des Hauts-de-France, Alain Griset a présidé pendant seize ans l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat (APCMA), poste qu’il vient de quitter pour prendre la présidence de l’U2P. Parallèlement, il a aussi dirigé une coopérative d’artisans taxis pendant plus de vingt ans. « Le fonctionnement est basé sur le principe « un homme, une voix ». C’est une bonne école pour apprendre à rechercher le consensus », estime-t-il.

Jean-Claude Choquet, ancien trésorier de l’APCMA, ne doute pas de ses capacités. « C’est un gros bosseur, assure-t-il. En négociation, il connaît parfaitement ses dossiers et n’est jamais pris au dépourvu. Il est doté d’une très bonne mémoire au point de pouvoir citer les prénoms des 110 présidents des chambres de métiers et de l’artisanat de France ! » Vice-président de l’APCMA, Yves Petitjean le décrit en interlocuteur respectueux mais aussi capable de rugosité. « Alain va permettre à l’U2P de prendre la place qui lui revient », affirme-t-il. Son prédécesseur appréciera…

Car un autre dossier va s’imposer dans l’emploi du temps du nouveau président : la première mesure de la représentativité patronale en juillet 2017. À l’issue de négociations tendues, l’UPA, ancêtre de l’U2P, a obtenu un mode de calcul fondé sur la prise en compte du nombre d’entreprises adhérentes et de leurs effectifs salariés. De quoi augmenter le nombre de ses représentants dans les instances paritaires et rediriger des financements qui, pour le moment, profitent majoritairement au Medef et à la CGPME. « Nous allons voir le poids réel de chaque organisation. C’est tout naturel », estime Alain Griset, en se déclarant confiant sur la capacité des autres organisations patronales à accepter les changements attendus. Naïveté feinte, sans doute.

Président de l’U2P à partir du 19 janvier 2017.

2000

Président de l’Assemblée permanente des chambres de métiers et de l’artisanat.

1995

1^er mandat à la tête de la chambre régionale des métiers et de l’artisanat du Nord Pas-de-Calais.

1975

Chauffeur de taxi.