Un quart des actifs craignent de perdre leur emploi dans l’année qui vient, alors que le risque est seulement de 3,3 %. L’étude « Lignes de faille » de France Stratégie explore ces nombreuses dichotomies entre les perceptions et les chiffres officiels : inégalités économiques, générationnelles, territoriales, chômage, peur du déclassement, des divisions religieuses… La liste est longue. Nous serions pessimistes. Et bien plus que d’autres qui affichent des résultats nettement moins bons. Trois quarts des Français se positionnent dans « la classe moyenne inférieure, populaire ou défavorisée ». Or, en réalité, les deux tiers appartiennent à la classe moyenne, contre seulement la moitié aux États-Unis. Les Américains ont le penchant inverse, ils imaginent leur société « plus égalitaire qu’elle ne l’est ». Les statisticiens et les chercheurs diraient-ils vrai, quand la société se tromperait ? Non, il s’agit de deux facettes d’un même miroir. Plutôt que de verser dans la « pédagogie », « un peu hautaine », mieux vaut identifier « les raisons du décalage ». Elles seraient à chercher du côté des règles et organisations qui structurent les interactions entre les Français. Entreprise, service public, école, assurances sociales, État, démocratie représentative : les citoyens ont perdu confiance en « ces institutions collectives ». Elles apparaissent aujourd’hui « à la peine, incertaines de leur rôle, et parfois en échec ». Il existe alors un doute existentiel sur leur capacité à « assurer la cohésion », ce qui nécessite de redéfinir le contrat social par un « débat constitutionnel ». « Quel contrat faut-il à une société plus diverse, plus individualiste, mieux formée, mais aussi plus soucieuse de cohésion et plus partagée entre gagnants et perdants de la modernité ? » La question est longue, mais elle a le mérite de poser l’ensemble des enjeux d’un vaste et problématique écueil…