Gilles Perret revient sur les conditions dans lesquelles cette conquête a été arrachée. Et dénonce la mise à mal de l’institution.
Attention, docu engagé. « Je suis le dernier des poilus de la Sécurité sociale », note d’entrée Jolfred Fregonara, ex-métallo CGT chargé, en 1945, d’organiser la caisse d’assurance maladie de Haute-Savoie. Ce militant presque centenaire est le fil rouge de la Sociale, dernier documentaire de Gilles Perret, pour qui le combat reste à mener pour sauver cette institution française. Avec l’aide de Jolfred Fregonara (décédé au mois d’août de cette année), de pléthore d’historiens et de sociologues, le réalisateur rappelle l’importance du mouvement ouvrier – et de la CGT – dans la création, après-guerre, de la Sécu. Afin de libérer les Français de l’angoisse de la maladie, de l’accident du travail, de la vieillesse laissant démuni…
Le film est l’occasion de tracer un portrait d’Ambroise Croizat, le ministre communiste et CGT du Travail (janvier 1946-mai 1947) qui s’attela à bâtir le système. Un homme oublié de l’Histoire, déplore-t-il, qui aura retenu le nom du haut fonctionnaire Pierre Laroque comme « père » de la Sécu.
Gilles Perret ne dénonce pas seulement cette réécriture mais aussi la perte des idéaux. Ses griefs ? L’étatisation, les coups de boutoir venant du privé, la logique gestionnaire.
Or, rappelle Anne Gervais (en photo ci-dessus), porte-parole du Mouvement de défense de l’hôpital public : « Les maladies chroniques sont plus souvent prises en charge dans les hôpitaux publics. » Dommage que cette dernière partie soit moins fouillée et verse vite dans le parti pris.
La Sociale (1 h 24), de Gilles Perret. Sortie le 9 novembre.
