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Idées

Au revoir le social

Idées | Bloc-notes | publié le : 04.11.2016 | Jean-Luc Bérard

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Au revoir le social

Crédit photo Jean-Luc Bérard

Après une période aussi conflictuelle qu’agitée, liée à l’élaboration et à l’adoption de la loi travail, au cours de laquelle chacun y est allé de son invective ou de sa conviction, force est de constater que l’ardeur combative semble s’être apaisée chez l’ensemble des protagonistes.

Comme tétanisés, tous ceux qui, des syndicats aux politiques, étaient prêts à renverser toutes les tables, n’évoquent plus que bien timidement ce que pourraient être les remèdes au chômage ou à notre trop faible compétitivité. Et lorsqu’on écoute les discours et promesses des futurs candidats à l’élection présidentielle, on est en droit de s’interroger sur la place laissée au social.

La forme plutôt que le fond

Sans doute échaudé par les efforts considérables nécessités par un texte final, somme toute, bien mesuré, chacun est donc retourné se consacrer aux conjectures préélectorales de rigueur.

On peut retenir (et sans doute déplorer) qu’au cours de cette période la forme a souvent primé le fond. Le « comment » (mode de concertation, 49.3) a pris le pas sur les enjeux réels. Et les débats ont été bien plus vifs sur la manière que sur les buts poursuivis. Les enjeux sont pourtant multiples, tels le maintien de la cohésion sociale, la valeur du travail ou encore l’égalité des chances. Des sujets fondamentaux qui ne pourront en aucun cas être durablement traités si l’ensemble des décideurs persiste à ne les appréhender qu’au travers du prisme de l’actualité immédiate et du traitement médiatique. Ils sont en effet trop lourds de conséquences et d’engagements pour l’avenir pour les traiter avec légèreté.

Une nouvelle conception du travail

Les colloques et tribunes se multiplient sur l’introduction généralisée du numérique au sein des entreprises, bien au-delà de ce que connaît actuellement l’environnement habituel de travail. Le constat est unanime pour pointer l’accélération du phénomène et la nécessité de nous adapter à ce nouvel ordre. Cette mutation annoncée comme rapide et majeure aura des impacts encore inconnus sur la nature des emplois exercés, la relation au travail, son organisation ou sa durée. Ces questions posées ont été traitées depuis l’après-guerre sur des bases législatives et réglementaires qui pourraient bien devenir obsolètes. Sur le contenu du travail, les tâches d’exécution et de production évolueront vers des activités de programmation et de suivi, bouleversant profondément les fonctions d’encadrement dites intermédiaires. La prise en compte habituelle de la durée du temps de travail mutera, elle, vers un contrôle de résultat.

Des dirigeants muets

Cette évolution n’est pas sans rappeler ce que furent les grands bouleversements industriels passés, dont on sait combien fut difficile leur mise en œuvre, socialement et économiquement.

Mais quel impact sur l’emploi, tant public que privé, sur le financement des régimes sociaux et, par voie de conséquence, sur la répartition des richesses ? Autant de réponses nécessaires à des questions que nos futurs dirigeants, déclarés ou non à l’élection présidentielle, devraient anticiper au plus vite. On attend leur diagnostic et leurs propositions avec une certaine impatience…

Auteur

  • Jean-Luc Bérard