logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Idées

Retrouver la gourmandise du futur

Idées | Bloc-notes | publié le : 04.10.2016 | Jean-Paul Delevoye

Image

Retrouver la gourmandise du futur

Crédit photo Jean-Paul Delevoye

Notre avenir est illisible, incertain, imprévisible. Et tout s’accélère : les bouleversements, leur nature et leur ampleur. Au moment où la gratuité se développe – la robotisation poussant une élite rare à être surpayée et une main-d’œuvre surabondante à être sous-payée ou inactive – et où nous assistons à la remise en cause des idéologies politiques, religieuses, comment construire une force socialisante et des espérances nouvelles ?

Le calendrier politique témoigne de la vitalité de nos démocraties : référendum sur les institutions en Italie et sur l’accueil des immigrés en Hongrie, élection présidentielle en Autriche, aux États-Unis et en France, législatives aux Pays-Bas, etc. Mais il risque de révéler l’angoisse des peuples, la colère des travailleurs, la xénophobie. Dans le monde entier, les contestations s’élèvent contre le système politico-financier.

Vision ou gestion

En France, le calendrier politique se double d’élections professionnelles dans les TPE. Si on ne sait pas encore qui va gagner, on sait déjà qui va perdre : à tous les coups, la modération et la vision risquent d’être écrasées par la radicalisation et l’immobilisme. Et on se doute aussi que le bruit l’emportera sur le fond. La différence entre les managers et les leaders ? Les uns gèrent quand les autres donnent envie. Hélas ! nous avons trop des premiers et pas assez des seconds, trop de gestionnaires et pas assez de visionnaires.

Il n’y a pas de vision possible sans une profonde remise en cause de nos certitudes d’hier. Mais pas n’importe lesquelles. Certains veulent contester le rôle des organismes intermédiaires ? Le contexte est au contraire à la mobilisation de tous les salariés pour la bonne marche de l’entreprise et à l’association de leurs représentants à l’élaboration de la stratégie. D’autres veulent seulement parler du coût du travail ? Le sujet est davantage la répartition acceptée et acceptable de la valeur ajoutée entre investissement, actionnaires, salariés. Une donnée politique nouvelle est apparue : l’acceptation sociale. Chacun veut comprendre et être acteur. Les syndicats vont devoir intégrer cette nouvelle donne, être force de proposition, de responsabilisation. Mais aussi être vigilants et lanceurs d’alerte sur les abus de pouvoir et le développement des inégalités.

Sortir du statu quo

Comment introduire l’anticipation pour éviter de subir ? Uber fragilise la profession de taxi mais déjà on envisage la voiture sans chauffeur ! Les algorithmes, les robots vont transformer le monde du travail et la concurrence fiscale et sociale bouleverse l’économie des territoires. Quid de la productivité du monde numérique ? Quid de notre système de protection basé sur la solidarité collective et sur le travail, assises fragiles ? S’il nous faut sortir du statu quo, il convient aussi d’éviter le simplisme : la diversité est une force unificatrice si on la respecte. Le politique doit favoriser l’expression citoyenne et l’intelligence collective, le syndicalisme encourager l’expression des salariés et leur participation.

En la matière, l’abstention n’est pas uniquement le signe du désintérêt ou du rejet d’un système, c’est aussi une somme de désillusions, de frustrations, d’humiliations pouvant déboucher sur toutes formes de violences. La raison peut être étouffée par les émotions de colère et la révolte des humiliés mais elle ne doit pas être aveuglée par un système économique qui réserve à une minorité les fruits du progrès. L’arme la plus redoutable contre les extrémistes est l’espérance dans le futur au profit de tous.

Auteur

  • Jean-Paul Delevoye