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Idées

Ken Loach filme là où ça fait mal

Idées | Culture | publié le : 04.10.2016 | A. F.

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Ken Loach filme là où ça fait mal

Crédit photo A. F.

Dans Moi, Daniel Blake, le réalisateur primé à Cannes donne à voir le démantèlement de l’État providence britannique. Un drame social coup-de-poing.

Espérons que Ken Loach, 80 ans, restera très longtemps en colère ! Ce serait l’assurance qu’il continue de nous raconter, comme il le fait depuis cinquante ans, les histoires vraies de gens vrais. Comme celles qui ont nourri Moi, Daniel Blake, charge sévère sur les dysfonctionnements ubuesques du système d’aides sociales britanniques. Une inefficacité organisée à dessein, juge le cinéaste, en raison de la disette budgétaire.

Un allocataire privé d’aides pour avoir assisté à la naissance de son fils ; d’autres contraints de choisir entre manger ou se chauffer… Six mois d’enquête, avec le scénariste Paul Laverty, lui ont permis de recueillir foule de témoignages. Certains tellement surréalistes qu’ils ont été écartés. Mais ils ont inspiré l’histoire de Daniel Blake (interprété par l’humoriste Dave Johns, tout en retenue) : un menuisier charpentier veuf de 59 ans, usé par la vie, qui fait une crise cardiaque et est interdit de travail. Lui qui a toujours bossé va vivre des allocations de l’assurance maladie. Enfin le croit-il. Car un système à points évalue la capacité des malades à travailler. Dans une scène d’anthologie, le convalescent est jugé apte par l’administration et contraint de chercher du travail 35 heures par semaine, de justifier ses dépôts de CV… Le début de la fin pour l’ouvrier, qui va sombrer peu à peu, malgré sa hargne à se battre. Ken Loach « voulai[t] un film brut qui aille jusqu’aux os ». On sort frigorifié de Moi, Daniel Blake, qui vaut au réalisateur sa seconde Palme d’or à Cannes. Chapeau bas.

Moi, Daniel Blake (97 min), avec Dave Johns, Hayley Squires. Sortie le 26 octobre.

Auteur

  • A. F.