Avec l’avènement du numérique, les managers ne sont plus les tenants de l’information. C’est leur principale difficulté. Ils doivent apprendre à changer de posture. Le manager doit être un facilitateur plus qu’un sachant. Il doit apprendre à mettre en relation les salariés entre eux et à canaliser, mais aussi susciter, les prises de parole sur les réseaux sociaux internes.

Les managers ne sont pas toujours les plus à l’aise avec les réseaux sociaux. Par ailleurs, ils ont été bien souvent formatés par des entreprises qui ont longtemps cherché à brider la parole des salariés. L’un des premiers enjeux est de les « déformater ». Une entreprise peut avoir maintenant intérêt à ce que les salariés prennent la parole pour défendre l’image de l’entreprise. La SNCF a, par exemple, mis en place une plate-forme pour permettre à ses agents de répondre directement aux usagers mécontents.

Tout l’enjeu du travail mobile et flexible est justement de savoir créer ou recréer du lien entre les individus. Un manager doit devenir un leader de réseau. De ce point de vue, la figure du community manager est sans doute la plus proche de ce que doit devenir la fonction managériale.

Je suis très dubitatif sur cette notion. Plutôt que de travailler sur le droit à la déconnexion, les entreprises devraient surtout s’intéresser à la charge de travail et aux nouvelles façons dont on pourrait mesurer le temps de travail. Pourquoi considérer qu’un individu déconnecté ne travaille pas ? Quand, le week-end, un salarié voit passer une information intéressante pour son travail en consultant son fil Twitter, il se l’envoie par mail pour la traiter le lundi au bureau. Ne devrait-on pas également créer un temps de déconnexion pour permettre au salarié de faire son travail ?

Yann-Maël Larher est l’auteur d’une thèse sur « les relations numériques de travail » qu’il doit soutenir début 2017.