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Social : demandez le programme… libéral

Décodages | publié le : 04.10.2016 | Emmanuelle Souffi

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Social : demandez le programme… libéral

Crédit photo Emmanuelle Souffi

Code du travail allégé, 35 heures à la trappe, licenciement économique assoupli, allocations chômage dégressives : les quatre favoris aux primaires de la droite et du centre promettent « un choc social » pour revenir au plein-emploi. Décryptage des idées de ces prétendants à l’Élysée.

Elles donnent le coup d’envoi de la course à la succession de François Hollande à la tête du pays, en mai 2017. Les 20 et 27 novembre prochain, les primaires de la droite et du centre verront s’affronter huit prétendants au trône dans un combat inédit. À coups de livres plus ou moins étoffés, de déplacements tous azimuts, de discours enflammés et de phrases assassines, ces six hommes et une femme s’affrontent d’abord sur le terrain de l’identité française et de la sécurité. Mais les questions d’emploi, de financement de la protection sociale, de coût du travail, de démocratie sociale sont aussi au cœur de cette campagne interne de l’opposition.

Si les sept candidats ont tous des choses à dire sur le social, tous n’ont pas les mêmes chances de sortir en tête de cette lutte fratricide. D’après tous les sondages, Jean-François Copé, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Frédéric Poisson ne sont crédités que de très faibles pourcentages de voix. D’où le choix de Liaisons sociales magazine de passer au crible les programmes des seuls candidats susceptibles de l’emporter : Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Bruno Le Maire. En concentrant notre attention sur leurs propositions en matière d’emploi, de lutte contre le chômage, de dialogue social et de formation.

Bien sûr, d’autres dossiers sociaux figurent en bonne place dans leurs feuilles de route. En particulier les fonctionnaires, qui sont clairement dans le viseur des Républicains. Tous comptent ainsi procéder à des coupes claires dans leurs effectifs pour réduire drastiquement les déficits. 300 000 de moins pour Nicolas Sarkozy et Alain Juppé, 1 million pour Bruno Le Maire… les candidats voient grand. Très grand même. Car le sujet est porteur dans l’opinion publique de droite. Quand, à l’université d’été du Medef, à la fin du mois d’août, Nicolas Sarkozy annonce qu’il alignera leur régime de retraite sur celui du privé, avec la prise en compte des vingt-cinq meilleures années plutôt que des six derniers mois, le succès est total.

Les quatre ténors défendent donc une ligne clairement libérale pour « redresser la France », « restaurer l’autorité », « retrouver la confiance ». Avec un tempo accéléré, qui ressemble à une course de vitesse. À l’image de François Fillon, le passionné de F1, qui ambitionne de prendre une dizaine de mesures entre juin et septembre 2017. Et pas des moindres : retour aux 39 heures y compris dans la fonction publique, retraite à 65 ans, prestation sociale unique, simplification du Code du travail… Accrochez-vous !

La loi travail rejouée

Pour lutter contre le chômage et accroître la compétitivité des entreprises, les potions s’inspirent des mêmes recettes et font appel aux mêmes ingrédients d’un candidat à l’autre. Ou presque. Tous veulent alléger le Code du travail et transférer le pouvoir d’édicter des règles sociales aux entreprises. « Ils rejouent la loi travail. Dans leurs programmes, on retrouve tous les points de blocage : référendum, durée du travail, inversion de la hiérarchie des normes, licenciement économique, indemnités prud’homales. En quoi leur méthode sera-t-elle meilleure que celle de François Hollande ? » s’interroge Xavier Timbeau, de l’OFCE. L’économiste a accepté de commenter pour nous les principales propositions des quatre candidats. Tout comme son confrère André Zylberberg, du CNRS, porteur d’une vision autrement plus libérale.

Nos experts

Xavier Timbeau

Directeur principal à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Ses travaux portent notamment sur le retour au plein-emploi.

André Zylberberg

Directeur de recherche émérite au CNRS, il vient de publier, avec Pierre Cahuc, le Négationnisme économique (éditions Flammarion).

Auteur

  • Emmanuelle Souffi