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Décodages

La CFDT se forge une stratégie numérique

Décodages | publié le : 04.10.2016 | Manuel Jardinaud

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La CFDT se forge une stratégie numérique

Crédit photo Manuel Jardinaud

La centrale de Laurent Berger lance un Spoc pour former ses militants à la loi Rebsamen. Une première syndicale.

La CFDT prend le train du numérique. Le 17 octobre, la confédération lance un Spoc (small private online course) pour former ses adhérents à la loi de modernisation du dialogue social de 2015, dite loi Rebsamen. « Ce texte est une réforme culturelle profonde qui fait évoluer les règles du dialogue social et change les pratiques syndicales », explique Marylise Léon, secrétaire nationale chargée notamment du dialogue social. Ainsi, pour les entreprises de plus de 200 salariés, la loi ouvre la possibilité de regrouper les instances (CE, délégués du personnel, CHSCT). Dans celles employant entre 50 et 199 collaborateurs, elle permet la mise en place d’une délégation unique du personnel. Globalement, c’est l’ensemble du parcours et des modalités de négociation qui est impacté.

Face à ce bouleversement, la centrale cédétiste s’est rapidement interrogée sur le maintien des moyens classiques de diffusion de l’information : tracts, tableaux récapitulatifs de suivi des décrets, rencontres et animations sur le terrain organisées par les fédérations ou les structures territoriales. « Nous devions nous donner de nouveaux moyens », estime Marylise Léon. La CFDT décide alors de s’appuyer sur l’expérimentation de sa Fédération de la communication, du conseil et de la culture (F3C) qui, dès août 2015, se lance dans la production d’un Spoc à destination de ses troupes. « Habituellement, nous organisions des ateliers d’une demie ou d’une journée avec de l’envoi de documentation », résume Ivan Béraud, son secrétaire général. La complexité de la loi le convainc cette fois-ci d’innover. « Il nous fallait construire un objet avec de l’échange et des apports autour de bonnes pratiques », dit-il.

Un Spoc en cinq modules est donc produit, en interne pour son contenu pédagogique et avec l’aide d’un prestataire pour la technique. Chaque module, qui court sur une semaine, contient du texte, des documents à télécharger, des vidéos d’experts et de « politiques » reprenant la position de la CFDT ainsi que des quiz permettant de vérifier l’état des connaissances. Des forums avec des exercices sur la construction d’accords, soumis à l’évaluation des pairs, complètent ce projet. Résultat : plutôt satisfaisant, selon Ivan Béraud, avec 224 inscrits, dont 180 actifs tout au long du parcours, à raison de deux heures trente de formation par semaine. Seul bémol, « les forums qui n’ont réuni que 25 contributeurs », confie toutefois le secrétaire général.

Davantage de quiz

Partant de l’analyse tirée par la F3C, la confédération s’est mise au travail. Un module sur le « parcours militant » a disparu, remplacé par des études de cas concrets. Celles-ci musclent le Spoc, avec la constitution d’équipes virtuelles devant présenter leurs projets de négociation ou d’agenda social. L’interactivité a été renforcée, avec une messagerie interne et des chats, ainsi que des quiz. « Nous estimons le temps de formation à environ une heure par jour, du lundi au jeudi, avec des échanges sur un forum le vendredi », précise Marylise Léon. Qui espère fidéliser entre 500 et 1 000 élus et délégués syndicaux durant le mois de formation.

Cette première pour la CFDT s’inscrit plus largement dans une réflexion sur l’impact du numérique dans le monde du travail et sur les pratiques syndicales. En avril 2016, la centrale a produit un document d’une vingtaine de pages sur les enjeux de cette transformation en cours. L’organisation de Laurent Berger y souligne la nécessité d’adapter « ses moyens de communication et de formation », de réfléchir à « ses pratiques pour répondre à l’exigence d’immédiateté » et de travailler sur « l’organisation de la communauté des adhérents ». Un programme qui a pris corps pour la première fois le 23 septembre avec l’organisation à Paris d’une rencontre intitulée « Résolument numérique ». Plus de 200 militants y ont réfléchi aux pratiques syndicales à l’heure du digital, via des jeux et un « barcamp » – un atelier collaboratif obéissant au principe « pas de spectateur, tous participants ». Le début d’une évolution nécessaire.

Auteur

  • Manuel Jardinaud