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Patrick Kanner : Le mélomane de la Jeunesse

Actu | Eux | publié le : 04.10.2016 | Emmanuelle Souffi

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Patrick Kanner : Le mélomane de la Jeunesse

Crédit photo Emmanuelle Souffi

« Patrick qui ? » Pendant les JO de Rio, les téléspectateurs étaient nombreux à se demander qui était ce sexagénaire aux côtés de Teddy Riner. C’est un peu le drame de Patrick Kanner, le ministre de la Jeunesse et des Sports. Chargé du « portefeuille promesse » de François Hollande, notamment élu avec les voix des moins de 25 ans, il reste inconnu du grand public. Ce modeste qui ne cherche pas la lumière s’en rend bien compte lors de ses déplacements, un exercice qu’il affectionne. Dernièrement, à des jeunes ravis de percevoir la prime d’activité, le socialiste demande à qui ils doivent ce geste. « La CAF », lui rétorquent-ils.

De quoi désespérer celui qui cherche plus à prouver l’utilité de l’action publique qu’à multiplier les petites phrases. « Il vit la politique avec un grand P, il est plus dans l’être que dans le paraître et est droit dans ses convictions », assure Benoît Calmels, délégué général de l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), qui l’a côtoyé durant neuf ans quand le ministre était son président.

Ses convictions s’expriment d’ailleurs parfaitement dans le dernier grand texte sociétal du quinquennat qu’il présente avec Emmanuelle Cosse, la ministre du Logement, à partir du 4 octobre au Sénat. Adopté par l’Assemblée nationale en juin, le projet de loi égalité et citoyenneté souhaite rendre les Français, et les jeunes notamment, acteurs de la chose publique. Porteur de droits, le texte connaît un parcours nettement moins mouvementé que celui défendu au printemps par l’ancienne secrétaire d’État à la Politique de la ville… Myriam El Khomri. Du coup, son concepteur passe aussi inaperçu. « La loi égalité et citoyenneté, c’est un plus beau message que la loi Kanner, lance, bravache, l’intéressé. Que des millions de citoyens améliorent leur quotidien grâce à elle, voilà mon ambition. »

Ce ch’ti adjoint à la mairie de Lille auprès de Pierre Mauroy puis de Martine Aubry ne supporte pas les Cassandre et les éternels déclinistes. « On parle de génération sacrifiée, moi, j’en ai ras-le-bol ! s’agace-t-il. La jeunesse de notre pays vivra-t-elle mieux demain qu’en 2012 ? Oui ! » Garantie jeunes, emplois d’avenir, contrat starter, aides à l’embauche dans les PME… Ce mélomane joue collectif et déroule à qui veut bien l’entendre tous les dispositifs mis en place par le gouvernement pour inverser la courbe du chômage. Et il y croit dur comme fer ! Pas simple, pourtant, d’exister avec un portefeuille coincé entre ceux de l’Emploi, de l’Éducation nationale, de Bercy et de Matignon. « Il a fait de grosses actions pour développer la politique de la jeunesse, c’est un sacerdoce, car ce n’est pas là qu’on gagne le plus de crédit », défend Benoît Calmels.

Cet adepte de la métaphore est apprécié de ses troupes. « Il a le contact simple, discret, mais il a beaucoup d’épaisseur. Il ne fait jamais de demande inconsidérée et ne répercute pas son stress sur les autres », raconte un collaborateur. Patrick Kanner aime fonctionner avec des fidèles. Sa première équipe était composée de pros du terrain, comme Daniel Zielinski, son ex-dircab à l’Unccas, avec lequel il avait autrefois multiplié les visites aux maires qui ne respectaient pas leurs obligations en matière de logement social. Plus qu’à gros coups de cymbales, ce fils d’immigré ouvrier agit par petites touches. Ce chanteur d’opéra a d’ailleurs un souhait : « Faire entendre [sa] petite musique. » Jusqu’au Sénat, qu’il compte briguer en 2017.

Patrick Kanner

Ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports.

1996-2014

Président de l’Unccas.

1998-2014

Adjoint à la mairie de Lille.

2011

Élu président du conseil général du Nord.

Auteur

  • Emmanuelle Souffi