Recherche, de toute urgence, des ingénieurs systèmes complexes, des ingénieurs commerciaux, des business développeurs ! Dans le pôle de compétitivité francilien Systematic, spécialisé dans le logiciel et le numérique, les années passent sans assouvir les besoins des start-up et PME. « L’enquête annuelle réalisée depuis 2011 auprès de 200 sociétés révèle a minima 450 postes non pourvus par manque d’accès aux compétences », déplore Armelle Jamault, responsable emploi de Systematic. En décembre, pas moins de 180 postes étaient ouverts dans 36 PME. Et la moitié d’entre elles peinaient à les pourvoir, « surtout pour les profils expérimentés », aux exigences élevées. De fait, dans ces PME innovantes, plusieurs expertises techniques sont souvent demandées, ainsi que de la polyvalence et une grande capacité d’adaptation. Face à la concurrence des grands groupes, qui offrent des salaires plus attractifs et des évolutions de carrière plus importantes, la marche est haute. Surtout quand on est peu outillé : la casquette de DRH est portée par le chef d’entreprise dans 80 % des cas…

Systematic a joué la carte de la formation en poussant à la création de deux masters. Et développé une offre RH allant des guides de recrutement à l’accompagnement individualisé. Sollicité par Géris, filiale de Thales, le pôle a aussi expérimenté dès 2012 le détachement de longue durée de seniors experts de grands groupes vers ses PME, afin d’y mener un projet structurant. Un dispositif soutenu par l’Agence de développement économique de l’Ile-de-France et la Direccte, qui constitue une offre alléchante pour les petites entreprises. Celles-ci ne rémunèrent le spécialiste qu’à hauteur de 56 000 euros maximum la première année (quand la fiche de paie de certains détachés affiche 200 000 euros par an), le reste étant financé par l’employeur, aidé par un fonds de revitalisation. « En vingt-quatre heures, nous avons eu 48 propositions d’accueil », assure Armelle Jamault.

En trois ans, une quinzaine de salariés de Thales, Alcatel-Lucent et Schneider Electric ont été détachés dans 15 sociétés, pour une période de dix-huit mois à trois ans. De quoi augmenter, selon un premier bilan, l’activité des PME de 4,5 millions d’euros par projet et créer 16 emplois ! « Accueillir un commercial expérimenté nous a permis de transformer notre réussite technique en réussite commerciale », s’enthousiasme Hanna Kafrouni, P-DG de Dosisoft, éditeur de logiciels de radiothérapie, qui a accueilli un salarié d’Alcatel-Lucent pour développer les ventes sur les marchés américain et asiatique.

Systematic ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il s’apprête à lancer son Pass’apprentissage. Le principe ? Associer groupes et PME pour former les alternants. Les bénéfices paraissent évidents. Les premiers, ayant une obligation d’accueillir 5 % de leurs effectifs sous statut d’apprenti, ne peuvent proposer un emploi à chacun, alors que les secondes peinent à recruter. « Cela sécurisera les parcours. Les jeunes auront l’assurance d’obtenir un emploi à l’issue de leur apprentissage et les PME accéderont aux compétences attendues », reprend Armelle Jamault. L’expérimentation débute au second semestre 2016, dans cinq PME.