Non, tous les « cerveaux » n’ont pas encore pris leurs jambes à leur cou.

Les « craintes » sur leur expatriation doivent être « relativisées », selon une note du Conseil d’analyse économique. D’ailleurs celle-ci est moins marquée en France que chez nos voisins. Si les statistiques manquent sur un éventuel phénomène de « fuite », des tendances permettent de l’illustrer. On sait ainsi que 15 % des étudiants français des grandes écoles partent pour l’étranger après leur diplôme. Autre certitude, la population qui quitte le pays est plus qualifiée que la moyenne. Quant au solde migratoire entre personnes nées en France vivant à l’étranger et celles nées à l’étranger résidant sur le territoire, il reste positif pour les diplômés du supérieur. Mais il serait négatif pour le haut du panier, celui des « talents ». Enfin, la France aurait du mal à retenir les étudiants étrangers à la fin de leur cursus, alors qu’elle figure au quatrième rang des pays d’accueil. Pour le CAE, dans un contexte de mobilité jugée « inéluctable », la solution ne consiste pas à « retenir les qualifiés » mais à « encourager leur retour ». Tout comme « les arrivées de personnes qualifiées de niveau équivalent ». En assouplissant les conditions d’attribution de titres de séjour pour les étudiants étrangers. En facilitant la portabilité des retraites complémentaires, pour que les personnes ayant travaillé en France ne soient pas lésées lorsqu’elles rentrent chez elles.

Enfin, en limitant les pertes dans le financement du modèle social. Le « talent » français émigre en effet à l’âge où il est censé rapporter le plus, à la fin de ses études. Puis revient pour éduquer ses enfants ou se faire soigner. Des dépenses qu’il faudrait mutualiser, via un budget européen de financement des universités d’excellence.