logo Info-Social RH
Se connecter
Newsletter

Édito

Un peu de hauteur avant que la nuit ne tombe

Édito | publié le : 03.05.2016 | Stéphane Béchaux

Image

Un peu de hauteur avant que la nuit ne tombe

Crédit photo Stéphane Béchaux

Mais quel foutoir ! Il y a à peine six mois, dans un bel élan de fraternité, nos dirigeants nous promettaient l’union nationale. Face au terrorisme et au populisme, on allait se serrer les coudes, faire rempart, chanter la Marseillaise. Le résultat est affligeant. La France ressemble aujourd’hui à un immense champ de bataille. Les socialistes se mettent sur la gueule, les syndicats s’insultent, le patronat s’entre-déchire, Les Républicains s’émiettent. Sombre tableau. Et dire que la course à la présidentielle n’a même pas débuté… Peut-on d’ailleurs suggérer à ces messieurs dames si compétents qui rêvent de l’Élysée de réfléchir deux minutes avant de se déclarer ? Sont-ils bien sûrs d’avoir la capacité à diriger un pays ?

Si les partis politiques républicains s’avèrent bien malades, les partenaires sociaux ne sont pas plus vaillants. Le tout récent congrès de la CGT en a donné une nouvelle preuve éclatante. Huer ses ennemis – Hollande, Valls, Macron, El Khomri, Sarkozy, Gattaz, Berger… la liste est longue ! – permet sans doute de resserrer les rangs. Mais ne dessine ni un projet ni une vision. Or la confédération de Montreuil n’en a plus aucun. Celle-ci peut penser, à tort ou à raison, tout le mal qu’elle veut de la CFDT, cette dernière a au moins un mérite : elle travaille…

Le patronat pourrait-il, de son côté, prendre un peu de hauteur ? Rarement gouvernement, socialiste de surcroît, aura autant fait pour soutenir les entreprises. Gel du Smic, baisse des charges, sécurisation des procédures d’information-consultation, relèvement des seuils… Le Medef a déjà beaucoup obtenu sous l’ère Hollande. Et la loi El Khomri peut encore lui offrir une meilleure sécurisation des licenciements et un Code du travail plus flexible. Dès lors, on aimerait que Pierre Gattaz cesse de pleurnicher. Qu’il arrête de demander du rab, encore et encore. Qu’il fasse preuve de tempérance. Prendre la négociation Unedic en otage, pour cause de différend sur la surtaxation des CDD, est une faute. Un acte de mépris à l’égard des millions de chômeurs qui galèrent. Est-il vraiment nécessaire de faire planer sur eux des menaces sur leurs allocations ?

Dans ce paysage si riant, qu’il nous soit quand même permis de saluer ces milliers de citoyens qui, à la tombée de la nuit, rejoignent les places publiques un peu partout en France. Pour dire leur ras-le-bol de ce monde qui déraille. Pour débattre, rêver, boire un coup. Certes, on ne voit pas du tout sur quoi ces rassemblements nocturnes, sans porte-parole ni programme, peuvent bien déboucher. Sur rien, sans doute. Ah ! on entend déjà tous ceux qui méprisent les Nuit debout. Des naïfs ! Des gauchistes ! Des donneurs de leçons ! D’insupportables bobos ! Oui, et alors ? Les autres font-ils œuvre plus utile dans leur canapé ?

Auteur

  • Stéphane Béchaux