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Décodages

La qualité de l’air de nos bureaux à la loupe

Décodages | publié le : 03.05.2016 | Valérie Auribault

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La qualité de l’air de nos bureaux à la loupe

Crédit photo Valérie Auribault

Quel air respirons-nous au bureau ? La première étude française sur le sujet est en cours. Les résultats sont attendus pour 2017.

Connaissez-vous le formaldéhyde, le dichlorométhane, le toluène ou encore le xylène ? Derrière ces noms barbares se cachent les polluants qui flottent dans l’air de nos bureaux. Dans quelle proportion ? Difficile à dire. « Un salarié passe entre sept et huit heures par jour dans les bureaux de son entreprise. Mais nous avons peu de données sur la qualité de l’air dans ces espaces de travail », explique Corinne Mandin, responsable de l’unité Expologie de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur.

Pour répondre à cette question, l’observatoire a engagé depuis juin 2013 une vaste enquête auprès de 300 entreprises tirées au sort et volontaires. Une première en France. La campagne est menée en partenariat avec le Centre scientifique et technique du bâtiment et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. À l’étude : la qualité de l’air intérieur, le confort perçu par les occupants, mais aussi les caractéristiques techniques des bâtiments et leur consommation énergétique.

Bien-être au travail.

Avant la démarche française, seule l’étude Officair commandée par la Commission européenne et menée de 2010 à 2014 auprès de 7 441 employés dans huit pays a commencé à livrer des enseignements sur la qualité de l’air de nos bureaux. Résultat, les divers polluants mesurés dans ces espaces jouent indéniablement sur la santé des occupants : irritations, asthme, allergies, maux de tête, somnolence, syndrome des bâtiments malsains… Mais aussi sur leur bien-être et leur performance (moindre efficacité et absentéisme)

La qualité de l’air s’avère être un enjeu de santé publique et un facteur économique à ne pas négliger. « C’est un sujet important et émergent, souligne Jean-Éric Fournier, directeur du développement durable de l’entreprise Foncière des régions qui participe aux tests. La qualité de l’air participe au confort, au bien-être et à la santé de nos collaborateurs, mais aussi de nos clients qui bénéficient de nos constructions. »

Les polluants recherchés dans l’étude française sont les composés organiques volatils (COV), les particules ultrafines et le dioxyde de carbone. Des mesures concernant les températures et l’humidité relatives sont aussi effectuées. « Les maux les moins graves vont du picotement des yeux au manque de concentration. Mais d’autres polluants peuvent engendrer des difficultés respiratoires. Certains sont des perturbateurs endocriniens ou des cancérogènes », détaille Souad Bouallala, ingénieure référente qualité de l’air intérieur à l’Ademe. Le formaldéhyde, que l’on retrouve dans les produits de construction, l’ameublement, les produits détergents, est ainsi classé « substance cancérogène avérée pour l’homme » par le Centre international de recherche sur le cancer.

D’ores et déjà, les employeurs peuvent appliquer certaines recommandations. Comme le fait de réserver des espaces dédiés aux photocopieurs et imprimantes. Des machines émettrices de COV toxiques ou cancérigènes, de particules qui pénètrent en profondeur dans les poumons et d’ozone à l’origine d’irritations des yeux et des muqueuses. Pour les produits de nettoyage qui provoquent diverses réactions chimiques nocives et sont potentiellement neurotoxiques, la substitution s’impose. « Le choix des produits d’entretien est à revoir, insiste Souad Bouallala. Les entreprises doivent impérativement s’orienter vers des produits écolabellisés. »

Des pratiques simples peuvent également limiter la pollution intérieure comme l’aération des pièces. Pour les immeubles de verre où l’ouverture des fenêtres est impossible, la maintenance de la climatisation est cruciale. Mal entretenue, cette dernière peut générer toutes sortes d’allergies. « Nous souhaitons que cette étude nous permette d’avoir plus d’informations sur le choix des matériaux, l’écoconception des bâtiments, la gestion quotidienne des actifs et la façon de penser et de gérer les immeubles », indique Jean-Éric Fournier. Les résultats devraient être publiés début 2017.

Auteur

  • Valérie Auribault