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Idées

D’urgence, sortir de l’immobilisme

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.04.2016 | Jean-Luc Bérard

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D’urgence, sortir de l’immobilisme

Crédit photo Jean-Luc Bérard

Si l’on en croit les gazettes et les manifestants, la réforme du Code du travail est le point d’orgue d’un ras-le-bol général. Le Grand Soir est sans doute pour bientôt. Doit-on les croire ? Il est intéressant de constater que la polémique traite plus du nombre de pétitionnaires ou des poses adoptées par tel ou tel. Cela masque le débat essentiel, le seul qui vaille : que faut-il faire pour soigner le fléau qui gangrène notre pays – le chômage – et quelles sont les implications concrètes des mesures contenues dans le projet de loi dit El Khomri ? Durant de longues années, tout aurait été tenté ou presque – les contrats aidés, les 35 heures… – pour nous sortir des profondeurs abyssales du classement des pays en matière d’emploi.

Ce texte a le mérite d’ouvrir enfin d’autres voies. Car le monde évolue à grande vitesse, les technologies s’emparent de nos vies et de notre travail. Qui, désormais, songerait à se rendre à sa banque pour consulter ses comptes ? Qui irait se poster devant un guichet de la SNCF pour y acheter un billet ? Les exemples foisonnent où l’intérêt du client rejoint celui de l’entreprise, pas celui de l’emploi. Tout ce qui se passe autour de nous devrait nous inciter à plus de prudence et de réflexion. Les corporatismes qui nous divisent risquent fort d’être balayés par l’impérieuse nécessité de nous hisser, a minima, au niveau de nos concurrents. Eux ont déjà des années d’avance sur notre fameux « modèle français ».

C’est pas moi, c’est l’autre

Le constat, sans que quiconque ne le dise trop bruyamment, est général et partagé. Et les solutions sont souvent communes. Alain Juppé plaît visiblement à gauche, Emmanuel Macron à droite. Dans ce charmant méli-mélo, tous s’accordent sur la nécessité de réformer pour offrir plus de liberté d’entreprendre, d’innover, de s’adapter. Singulièrement, c’est le passage à l’acte qui fait suffoquer tous ceux qui s’estiment investis d’une mission de sauvegarde des avantages bien ou mal acquis, des corporations, des protections. Il semble décidément bien difficile de se projeter plus avant que la semaine qui s’annonce. Arc-boutés sur ce que nous n’imaginons pas « perdre », nous voilà rejetant la faute sur « l’autre », c’est-à-dire l’ensemble des corporations auxquelles nous n’appartenons pas. Plutôt que de s’affronter, les Uber et les G7 ne devraient-ils pas penser à s’adapter à la voiture autonome en lien avec les constructeurs automobiles ? Autre exemple, ne faudrait-il pas cesser d’opposer les fonctionnaires publics territoriaux, qui ne cesseraient de croître, à la « bonne » fonction publique, pour redéfinir plutôt le rôle d’un État aujourd’hui dispersé et endetté mais plus que jamais indispensable ? « L’autre » a bon dos.

Les discours et la méthode

Malgré tout, il est réconfortant de voir que la volonté demeure de sortir de l’immobilisme. Bien sûr, certains syndicats sont dogmatiques par atavisme et beaucoup d’hommes politiques restent dans le calcul. Mais force est de constater qu’ici et là des voix se font entendre pour dire que la concertation et la réforme s’imposent. Au-delà des discours, encore faut-il un peu de méthode pour simplifier le Code du travail et permettre enfin de donner aux générations de l’après-baby-boom une chance d’accès à l’emploi. Celui-ci ne sera sans doute plus autant garanti et permanent pour ceux qui ont la chance d’avoir le fameux CDI. Mais c’est la condition pour ne pas voir l’emploi disparaître au profit de pays qui auront eu, eux, le courage de prendre les risques et de saisir les opportunités que nous refusons depuis trop longtemps.

Auteur

  • Jean-Luc Bérard