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William Martinet : le frondeur de la loi El Khomri

Actu | Eux | publié le : 03.04.2016 | E. S.

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William Martinet : le frondeur de la loi El Khomri

Crédit photo E. S.

Manifs, AG et plateaux de TV ponctuent ses journées. Inconnu jusqu’alors, William Martinet surfe sur la grogne née du projet de loi El Khomri. Le 9 mars, le 17, le 24, le 31… Les mobilisations s’enchaînent sans qu’on sache si le mouvement va prendre durablement. Il n’empêche. Des syndicats de salariés et des organisations étudiantes main dans la main ? Depuis la lutte contre le contrat première embauche, en 2006, la France n’avait connu pareille concorde syndicale. À l’époque, celui qui dit vouloir « lutter contre l’injustice sociale » n’était qu’en terminale. Mais le jeune homme sans héritage militant, sinon un grand-père cégétiste, était déjà en tête des cortèges.

Bénévole aux Restos du cœur, soutien scolaire, William Martinet s’est engagé à l’Unef sitôt entré en fac. Âgé de 27 ans, ce fils d’infirmiers ne s’en laisse pas conter. Le gouvernement a beau expliquer que le projet de réforme du Code du travail vise à développer l’emploi, rien n’y fait : lui y voit une « loi antijeunes », une arme de précarisation massive. « Après l’état d’urgence et la déchéance de nationalité, ce texte a été la goutte d’eau », observe Robi Morder, président du Groupe d’études et de recherche sur les mouvements étudiants.

La trahison de la gauche, le président de la première organisation étudiante de France la pointe à longueur d’interviews. « Au début du mandat, on a bataillé contre le montant des bourses, puis en octobre contre l’austérité dans les universités. Le niveau de contestation a progressé à mesure que la politique du gouvernement s’éloignait de ses engagements initiaux », justifie l’étudiant en master Économie sociale et solidaire. Ironie de l’histoire, son syndicat, revendiquant 30 000 adhérents, ferraille aujourd’hui contre une majorité socialiste qui compte dans ses rangs nombre d’anciens. Jean-Christophe Cambadélis, Julien Dray, Pouria Amirshahi, Bruno Julliard, Manuel Valls ont façonné leur conscience politique à… l’Unef.

Via le Mouvement des jeunes socialistes, les ponts n’ont jamais été coupés entre le syndicat étudiant et le parti politique. Pas plus que les luttes d’influence n’ont cessé. En plein débat sur l’organisation des primaires à gauche, certains reprochent à William Martinet, encarté nulle part, d’être instrumentalisé par les frondeurs et tous ceux qui ont soutenu la motion B du congrès PS de Poitiers. « L’Unef, c’est un écosystème. Tenir l’organisation, c’est un énorme enjeu de pouvoir en vue de 2017 », relève un syndicaliste.

Cette proximité est-elle payante ? À voir. Car les amphis sont moins politisés qu’autrefois. « Les mouvements politicards dépriment les étudiants », assure Alexandre Leroy, président de la Fage. Cette fédération prône une ligne réformiste plutôt payante. « En se démarquant de l’axe CGT-FSU, la Fage acquiert une visibilité nationale », estime Robi Morder. Proche de la CFDT, ce syndicat progresse dans les urnes. Il a obtenu 39 % des voix au Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche en 2015, contre 33,5 % en 2013. Au point de talonner l’Unef et ses 42 % après la disparition de la Confédération étudiante, en 2013. « Pour la première fois depuis 2001, l’Unef est confrontée à un rival », se félicite le président de la Fage. « Il y a une bipolarisation du syndicalisme étudiant », confirme William Martinet. Le retrait ou rien ? Si la fermeté permet de mobiliser, elle peut aussi se transformer en piège. L’histoire dira lequel des deux a eu le plus de flair.

William Martinet

Président de l’Unef.

2006

Manifeste contre le contrat première embauche (CPE).

2013

Élu président de l’Unef.

2016

Mobilise contre le projet de loi El Khomri.

Auteur

  • E. S.