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La réforme, mode d’emploi

Idées | Livres | publié le : 03.03.2016 | J. M.

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La réforme, mode d’emploi

Crédit photo J. M.

Alors que les Français sont prêts à changer, la classe dirigeante est défaillante. Mais le rebond est possible.

Comme il l’avait déjà brillamment exprimé dans son précédent livre, Robin Rivaton est persuadé que les Français sont prêts au changement. Et que, dans la « mer d’immobilisme » à quoi ressemble trop souvent notre administration, il y a des îlots de modernisation spectaculaires. L’auteur cite ainsi la transformation de l’Imprimerie nationale, devenue une société anonyme de droit privé détenue par l’État, qui est passée de l’impression de documents sur papier vierge à la délivrance de titres d’identité sécurisés. Et réalise 20 % de son chiffre d’affaires à l’international. Il rend hommage aussi au travail mené à La Poste, qui a considérablement élargi les tâches de ses 80 000 facteurs, réduit l’attente dans ses 2 000 plus gros bureaux de poste et allongé les horaires d’ouverture. Sans « aucune grève massive, manifestation suivie ou contestation violente ».

À titre individuel, soutient Rivaton, les Français se sont pliés aux règles de la flexibilisation du marché du travail. En trente ans, la mobilité a augmenté de 25 %, la part des contrats « précaires » de 150 % et le taux de rotation aux postes a été multiplié par 3,5. Le blocage est ailleurs, au niveau politique : nos dirigeants sont paralysés au moment de passer à l’action. « D’états généraux en conférences sociales, d’assises en Grenelle, de pactes en accords, c’est l’heure de la délégation, le règne de la codécision », analyse ce penseur libéral. « Le droit mou, voire flou, prédomine, sacrifiant la verticalité du pouvoir au profit d’une horizontalité vécue comme une échappatoire à l’inaction. » Il propose une méthode pour rompre ce cercle vicieux. La première étape, c’est le diagnostic, qui devrait être confié à des organismes extérieurs aux organisations concernées et mené avant d’arriver au pouvoir. La seconde passe par un exercice de communication, permettant à la fois de partager le diagnostic et d’installer un sentiment d’urgence.

Parallèlement à ce « mode d’emploi » de la réforme, Rivaton formule son diagnostic. Il s’inscrit en faux, chiffres à l’appui, face aux visions pessimistes de la situation de la France : « Nous pouvons collectivement rebondir à condition de nous entendre sur les raisons de nos échecs. » Ce qui manque le plus, selon lui, c’est la vision. Là est sans doute la plus grande faillite de la classe dirigeante depuis une trentaine d’années. Dernier impératif : avoir une stratégie qui soit appropriable par le plus grand nombre et s’incarne dans une équipe. L’essayiste expose les six axes qu’il privilégierait s’il se transformait en conseiller du Prince. Visiblement, il brûle de passer au stade ultime, celui du « plan d’action ».

Aux actes dirigeants !, Robin Rivaton. Éditions Les Belles Lettres/Fayard. 230 pages, 14,90 euros.

Auteur

  • J. M.