Il y a le feu au Code du travail ! Le texte que doit présenter Myriam El Khomri le 9 mars en Conseil des ministres déclenche l’ire syndicale et fait hurler l’aile gauche socialiste. En voulant à tout prix décadenasser le droit du travail et donner plus de liberté de négocier aux entreprises, l’exécutif a réussi à unir contre lui ses alliés naturels et à convertir à sa cause ses ennemis d’hier.
Tour de force ? Stratégie politique ? Jusqu’au-boutisme ? Le projet s’abreuve certes aux sources de la social-démocratie chère au président Hollande. Mais il rompt le dialogue social. Jusqu’ici soutien du gouvernement, la CFDT n’a pas hésité à rejoindre le camp des opposants. En signant, le 23 février, avec la CFE-CGC, la CGT, la FSU, Solidaires, l’Unsa, l’Unef, l’UNL et la FIDL une déclaration commune demandant le retrait de la barémisation des indemnités prud’homales en cas de licenciement abusif. Cette revendication peut-elle être entendue ? Pas sûr, le Medef ayant convaincu Manuel Valls et Emmanuel Macron que la peur du juge nourrit la crainte d’embaucher. Bien que FO et la CFTC aient refusé de signer le texte, cette unité syndicale va sans doute contribuer au rééquilibrage du projet de loi, qu’exige une partie des militants et élus socialistes.
De fait, en l’état, le texte modifie en profondeur les droits des salariés en matière de durée du travail ou de licenciement économique. Il multiplie les assouplissements sans étoffer le compte personnel d’activité, censé protéger les travailleurs en cas d’accident de parcours. Les syndicats se revoient le 3 mars pour étudier la riposte. Mais la CGT et les associations étudiantes prévoient déjà une grande mobilisation le 31 mars. Le combat pour s’attacher l’opinion a commencé.
