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L’encadrement revoit sa culture

À la une | publié le : 03.03.2016 | G. G.

Innovation, service clients… 100 cadres des deux ministères ont engagé la réflexion.

En ce mercredi de janvier, ils sont une centaine à se retrouver dans le salon d’un hôtel, à cinquante kilomètres de Paris. Pendant deux jours, ces cadres des ministères de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, ainsi que du Logement et de l’Égalité des territoires vont plancher sur leur nouvelle culture professionnelle. L’enjeu est d’autant plus important que les administrations des deux structures ont fusionné en 2007. À l’époque, la révision générale des politiques publiques acte le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux. Surtout, elle entraîne des réorganisations successives, met à mal les routines bien établies, bouleverse la diversité des pratiques professionnelles.

Neuf ans plus tard, c’est une culture partagée qu’il s’agit ici de fonder. Le défi est de taille ! « Le ministère de l’Écologie, anciennement de l’Équipement, a équipé la France pendant des années. Il a cédé une partie de ses missions au fil de la décentralisation. Parallèlement, la question de la transition énergétique est montée en puissance. Il devenait nécessaire de réinterroger le rôle du ministère et sa culture », décrypte Dominique Jeandot, inspectrice générale du développement durable et membre de l’équipe de projet qui pilote la démarche.

Ambitieux, l’objectif s’appuie sur un parti pris novateur : 70 cadres – âgés de 30 à 40 ans – désignés par leur hiérarchie mènent cette réflexion avec 30 dirigeants. « Avec une moyenne d’âge de 50 ans, notre administration très technique est confrontée à un blocage de l’évolution des jeunes cadres, qui sont nombreux à partir ailleurs. Cette démarche a donc aussi pour ambition de les motiver à rester et d’assurer la transmission entre deux générations, explique Francis Rol-Tanguy, secrétaire général des deux ministères, à l’origine de la démarche. Le mot d’ordre ? « Avancer en faisant ». Lors d’un premier séminaire, en novembre, le groupe a défriché des pistes. « On s’est sentis libres d’explorer la question de la culture professionnelle dans toutes ses dimensions », commente l’une des participantes.

Motiver les quadras.

À l’issue des deux journées de janvier, les 100 managers ont reprécisé et choisi 18 sujets d’étude qu’ils vont approfondir par groupes de quatre ou six jusqu’au mois de mai. Parmi celles-ci, « comment faire émerger des initiatives novatrices partagées sur les territoires en sortant des cadres trop rigides de l’appel à projet », « développer une approche service clients », « requestionner les processus de décision sur des projets potentiellement conflictuels », « intégrer la prise de risque dans la culture managériale de l’encadrement et l’assumer collectivement »… Du costaud !

Hétéroclites, les problématiques interrogent autant les politiques publiques que la culture managériale. « Pour arriver à quelque chose de concret, il est indispensable de s’intéresser aux agents, notamment à leur reconnaissance, aux carrières, à la valorisation des métiers, et pas uniquement se poser la question des missions du ministère », témoigne Fabrice Gravier, chef du service d’ingénierie routière de Rouen. « Mais si la dimension RH est présente, il n’est pas question de faire du management pour faire du management », prévient Francis Rol-Tanguy.

Confrontés à des collègues issus de différents services et régions, les participants se frottent à un nouveau mode de travail collaboratif. Et à distance puisque celui-ci s’appuie sur une plate-forme en ligne. Un chantier qui ne s’achèvera pas avec les trois mois de ce travail d’exploration. « La démarche n’a de sens que si elle s’étale sur trois à cinq ans. De fait, elle ne sera pas limitée aux gens présents à ce séminaire », précise Alain Biriotti, chef de mission qui pilote le projet. « En soi, ce travail devrait être un fabuleux facteur de progression managériale. Dans cette démarche, l’apport sur le fond des sujets rejoint celui sur la forme », ajoute Patrice Roux-Caillebot, chef du bureau de l’accompagnement du changement et de l’innovation managériale. Un fonctionnement transversal qui n’est pas sans rappeler ce qui se pratique et s’enseigne dans les écoles de management.

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  • G. G.