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Idées

Quelle France voulons-nous ?

Idées | Bloc-notes | publié le : 03.02.2016 | Dominique-Jean Chertier

À tous ceux qui consacrent leur talent au french bashing ; à tous ceux qui pensent au contraire que notre modèle social et économique nous est envié par le monde entier. Aux uns et aux autres, disons qu’il n’y a pas une France mais des France.

La France qui bouge

C’est celle qui croit au progrès.

C’est celle de la vingtaine d’entreprises qui cette année encore a bluffé le Consumer Electronics Show de Las Vegas par sa capacité à concevoir des produits à la pointe de l’innovation. Mais des entreprises qui préfèrent souvent payer des ingénieurs aux États-Unis (y compris des Français) le double de ce qu’elles les rétribueraient en France pour bénéficier d’un environnement, notamment réglementaire, bien plus favorable. C’est aussi celle qui – au-delà de réussir la COP 21 – considère la transition énergétique comme une opportunité scientifique et économique. Et qui sait que l’Allemagne a en dix ans créé autant, sinon plus, d’emplois verts que nous de postes dans la fonction publique territoriale.

La France qui s’assoupit

C’est celle qui préfère fermer les yeux pour éviter de voir que le monde tourne. Qui rêve au bon vieux temps du franc et de ses dévaluations compétitives et qui, s’il était rétabli, ne serait qu’une sous-marque du mark. Qui rêve, si l’on en croit un récent sondage, à des préretraites justifiées hypocritement par la place à faire aux jeunes. Qui s’accroche encore à la réduction du temps de travail, sans d’ailleurs chercher vraiment à la justifier puisqu’elle est devenue un marqueur politique pour certains, et pour d’autres un confort de vie. Qui multiplierait, si c’était encore possible, le nombre des professions réglementées, forme d’ersatz du statut de la fonction publique, qui protégerait ses membres contre tout risque de concurrence.

La France qui s’agite

C’est celle qui, prenant conscience que les choses tournent mal, se précipite dans un mouvement brownien. Qui reprend des méthodes qui n’ont jamais marché, offre des chèques pour l’embauche comme on distribue des tickets de promotion dans les supermarchés. Qui se focalise sur l’aide aux chômeurs de longue durée, qui laisseront du coup leur place aux chômeurs plus récents dans la longue liste des demandeurs d’emploi. Qui change les règles en permanence. Par exemple, imagine un jour de réformer le crédit d’impôt recherche et le lendemain de revenir sur le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi, dont les employeurs avaient enfin maîtrisé la complexité.

Sans parler des modifications des règles fiscales et sociales de l’emploi à domicile avec, pour unique résultat, un effondrement de ce secteur d’activité et, sans doute, une explosion du travail au noir.

La France qui se relève

C’est celle qui a compris que même les civilisations sont mortelles. Qui a su prendre sans provocation mais sans faiblesse les mesures d’adaptation aux conditions et demandes du monde nouveau. Ce sont les entreprises qui ont su se remettre en cause, investir, gagner en productivité : des constructeurs automobiles, des transporteurs aériens et des opérateurs téléphoniques, des entreprises de l’aéronautique, des grands laboratoires pharmaceutiques et bien d’autres encore qui auraient bien pu finir au cimetière de nos fleurons fanés. Il serait injuste de ne pas saluer les réussites des administrations, notamment les services fiscaux, qui ont su accomplir une véritable mutation.

De quel côté de la Force la France basculera-t-elle ?

Auteur

  • Dominique-Jean Chertier